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La machine à notoriété de Marc Turlan

Pour sa première grande exposition en solo, Marc Turlan a investi presque tout l'espace de la galerie Anne de Villepoix. Trois grandes salles où l'artiste s'interroge sur le process de l'accession à la notoriété. Trois salles pour trois grands axes, le corps, l'intellect et l'image. Entretien.



Collages, textes, sculptures, photos... tu t'exprimes à travers de nombreux supports !

Jusqu'à présent je n'avais pas eu la possibilité d'exposer toutes ces recherches à la fois. C'est ici ma première exposition solo depuis la première fois, il y a cinq ans, à la Villa Noailles. Je participerai également à une exposition collective de la galerie Anne de Villepoix, pendant la FIAC.

Pourquoi intituler cette exposition Exo-star ?

"Exo" ce sont les planètes en dehors de notre système solaire. J'ai pour ma part choisi d'aborder tout ce qui gravite autour de l'idée de starification. La star étant le stade ultime, ce qui m'intéresse c'est le chemin pour y parvenir. Chemin qui passe entre-autres par les magazines.


Sans une once de fonte, la première salle évoque une salle de culturisme. Il s'en dégage une impression de torture consentie...

Casques de force de boxeurs, en cuir, auxquels se suspend une étoile de marbre en lieu et place du poids qui servirait pour muscler le cou ; des cadres de machines de musculation faites de petits tasseaux de bois peint en blanc qui s'imbriquent et s'encastrent, tapis de sol en miroir, suspendus comme dans les salles de sport les uns au-dessus des autres et portant chacun un des cinq mots-clefs de ce travail : Notoriété, Sincérité, Travail, Pouvoir et Amour.


L'étoile est un motif récurrent...

Il y a des étoiles tout au long de l'exposition, en tatouage, au scotch, en marbre, ou en luminaire. C'est le symbole le plus direct de l'accession au fantasme de la notoriété.


Des mains articulées sortent du mur...

Clin d'oeil au surréalisme, ici, elles sont simplement fichées à la hauteur de la main d'un homme qui se tiendrait debout, et se composent de petits tasseaux de bois. Pas d'arrondi, le rendu est le plus simple possible.


La seconde salle présente une installation d'iPods associés à des livres sous verre.

Dans cette salle très sombre, on passe du physique à l'intellect avec ces collages sonores. Dix auteurs : Duchamp, Barthes, Bataille, Duras ou Patti Smith, etc. À chaque fois qu'une citation m'intéressait parce qu'elle parlait de mes préoccupations quant au travail présenté ici, je la mettais de côté. Nous avons ensuite recomposé un texte et fait un collage de voix superposées à la mienne et celle des auteurs. Cela parle de notoriété bien sûr, mais aussi d'érotisme. L'érotisme compte pour moi. Les bouquins sont présentés sous verre, le texte est masqué de mosaïque-miroir. Seule la citation apparaît encadrée.


Ce n'est pas le texte entier, juste la citation qui t'intéresse ?

Quand je lis un livre, c'est juste un instant qui me parle et que je vais peut-être utiliser pour en faire autre chose. La mosaïque posée sur le reste du texte, c'est une façon de faire cet arrêt sur image et de fixer la citation. On peut déchiffrer ma façon de lire ou de prendre les infos. Dans une journée, on reçoit plein d'infos, et ensuite on fait le tri. Ce que l'on retient d'un livre, c'est pareil : parfois juste un mot que tu as lu sur 600 pages, et tu te dis alors que tu as bien fait de lire parce que "Wahouhhh".


La troisième salle présente des icônes avec un vrai souci de cadrage et d'accrochage...

Des panneaux comme des pancartes de manifestations encadrent certaines grandes photos, des meubles avec des tablettes ont été construits pour ne rien accrocher au mur. C'est vrai qu'il y a plein de cadres différents et divers systèmes d'accrochage.

Après le corps, puis l'intellect, j'ai imaginé cette salle de portraits en pensant aux salles de célébrités du XVIIe où s'accumulaient les tableaux, des portraits, presque collés les uns aux autres. Faire une proposition en quantité me plaisait, j'ai voulu y glisser des gens connus et des pages de magazines pour en faire une galerie de portraits d'aujourd'hui. J'ai fait disparaître tous les vêtements sous les collages.
Omniprésente, la symbolique de l'oeil : l'oeil de Vogue , l'oeil de Secret Story... On trouve aussi des vitrines posées sur des tablettes, contenant des magazines ouverts et vissés sous verre. Le magazine est le matériau de base de cette salle.


Et ce jaillissement de perles d'or qui sort de l'oeil ?

C'est en fait un matériau brut, plutôt anti-luxe. Il s'agit de chaînes en laiton de Weber qui sortent de l'oeil comme un débordement, une larme géante qui vomit le trop plein d'images : il faut que cela sorte ! Il y a derrière un érotisme sous-jacent, sous les masques, on peut reconnaître les photos de personnalités de la mode : Nicolas Ghesquière, Lucas Ossendrijver... Auxquels les collages de miroir ou de scotch fluo donnent un côté ludique.


Ce qui résulte de tout cela est en fait très glamour et très brillant ?

C'est ce qu'on essaye de nous montrer. Aujourd'hui il faut que ça brille, même à travers les textes, il y a l'idée de briller. Que ce soit trash ou glamour, on veut marquer le coup - c'est quelque chose qui est là, en ce moment - et ça m'intéresse de travailler là-dessus. Surtout pas de grands contenus, les grands contenus c'est flippant.
Les magazines se multiplient, mais n'ont pas vraiment d'économie. Quand on regarde la luminosité d'une image sur iPad, on se dit qu'ils pourraient bien disparaître. Ce travail est une façon de fétichiser le magazine.



Propos recueillis par Paquita Paquin


Exposition du 3 septembre au 15 Octobre
Galerie Anne de Villepoix
43 rue de Montmorency 75003 Paris

www.annedevillepoix.com

 

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