
Qu'elle parle de la pluie et du beau temps, de jardinage ou de sa dernière collection de bijoux, elle a ce charme et cette désinvolture, qui vous "scotchent" à ses lèvres. Discuter avec Loulou, c'est accepter de tomber sous le charme, comme Yves Saint Laurent, comme Thadée Klossowski et comme tous les autres d'ailleurs. Elle fait partie de ces femmes que l'on appelle "muse", et pour qui, avoir une vie exceptionnelle semble être un jeu d'enfant. Cela fait plus de 30 ans qu'elle crée des bijoux, sans doute avec le même enthousiasme et la même légèreté. Après avoir exploré l'univers tourmenté de Beaudelaire et ses Fleurs du Mal, Loulou nous emmène sous le soleil de Patmos, Barcelone, Udaipur, Bahia, Pondichery, Palerme ou encore Oslo, avec sa dernière collection baptisée "Rêverie d'un soir d'été".
Après "Les Fleurs du Mal" pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce qui a inspiré votre nouvelle collection "Rêverie d'un soir d'été" ?
Pour cette saison, j'ai eu envie de faire quelque chose de plus léger. Une collection beaucoup plus aérienne, qui "flirte" plus. Il y a des feuilles, des colombes... L'idée est d'être un oiseau qui vole de ville en ville et qui apporte de la couleur partout où il passe.
Vous travaillez depuis plusieurs saisons avec un atelier parisien spécialisé dans les bijoux en pâte de verre, "L'air du verre", pouvez-vous nous parler de cette technique et cette collaboration ?
J'ai toujours été fascinée par le verre. Je l'adore pour sa légèreté à l'oeil, sa transparence. J'aime beaucoup la subtilité et la variété des couleurs que l'on peut obtenir avec ce matériau. J'ai pu obtenir quatre différents blanc, un bleu très pâle, ou bien plus grisé... Parfois il n'y a que moi qui voit ces nuances ! (Rires). Mais même s'il n'y a que moi qui le sait, je pense que cette association de petits détails fait la beauté de la pièce au final.
Êtes-vous attirée par d'autres techniques, d'autres matériaux pour les prochaines collections ?
J'ai un rapport très facile avec cet atelier. Ce que j'aime c'est que l'exécution du dessin se fait très vite avec eux. Ils ont une très jolie main dans l'interprétation. Certains ont une vilaine main, et dans ce cas, cet oiseau que j'ai dessiné, aura l'air très bête. Si je change de technique, si je fais des bijoux en or ou en argent par exemple, cela changera toute l'architecture du bijou. J'aime toutes les techniques, mais j'aime en ce moment particulièrement cet artisanat qui est très français, précaire, et que je trouve intéressant d'utiliser et de sauver. C'est une technique particulière, la technique Grispois, qui s'est presque perdue. C'est très ancien et il y a peu de gens qui la pratiquent.
Chaque pièce a le nom d'une destination ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus?
Pour le collier "Patmos", j'ai un ami qui y habite, c'est un endroit où j'ai été très souvent dans ma vie, et où il y a un monastère magnifique. J'ai choisi des pierres de verre miel, cognac et raisin pour le collier "Santorin", parce que j'ai voulu retranscrire un paysage plus aride. Pour le collier "Udaipur" vert et tourmaline, j'ai pensé à un bijou indien en émeraude. Pour "Barcelone", c'est Gaudi ! J'ai toujours été très influencée par cette ville, ses couleurs. Pour "Bahia", "Pondichery", "Efez", "Cintra", "Sienne" ou "Tanger", j'ai dessiné des feuilles, des larmes et des gouttes d'eau qui tombent, pour rejoindre l'eau. J'adore aussi les colombes... Sur le collier "Paris", elle est un peu grise d'ailleurs, comme le ciel de Paris le soir. Pour "Palerme", la colombe est constituée de plusieurs nuances de blanc et de bleu. J'ai également créé des broches que l'on peut porter en pendentif sur les colliers.
Vous avez très longtemps dessiné les bijoux pour la maison Yves Saint Laurent. Y-a-t-il une grande différence dans votre manière de travailler aujourd'hui ? Le processus de création est-il chamboulé ?
Après Yves Saint Laurent, toute ma vie à changé. J'ai toujours fait des bijoux qui accompagnent des collections, prêt-à-porter ou Haute Couture. Cela m'a beaucoup amusé. Je continue de faire ce type de travail pour Oscar de la Renta. Mais j'avoue que je prend aussi beaucoup de plaisir à faire une collection qui n'est pas dictée par une mode. Je n'ai pas besoin de me dire, "Ah non, cela ne va pas aller avec le décolleté !". Je suis un peu plus libre de faire un travail moins lié à la mode. Je crée selon mes propres envies.
Qui pourrait être l'égérie des bijoux Loulou de la Falaise ?
Vous savez, je fais des bijoux pour les femmes en général, que j'aime beaucoup d'ailleurs. Je ne me cantonne pas à un type de femme en particulier. J'ai des idées plus généreuses. J'aime le fait que des femmes très différentes puissent les porter. Il y a beaucoup de filles très jolies dont j'aime le style, mais je ne pourrais pas choisir l'une d'entre elles comme égérie.
Si vous ne deviez garder qu'un seul bijou, lequel serait-ce ?
Une bague ou une boucle de ceinture.
Quelle est la pièce que vous préférez dans votre dressing ?
Les chaussures sont très importantes! Il faut toujours avoir une bonne paire de talons et une belle paire de Converse sous la main. Et côté vêtements, je dirais un jean et une jolie chemise. Je ne suis pas extravagante avec les vêtements, je préfère m'amuser avec les accessoires.
Retrouvez les bijoux Loulou de Falaise chez L'Eclaireur , 8-10 rue Boissy d'Anglas Paris 8.
Propos recueillis par Mélody Kandyoti