Bizarrement quand Raf Simons propose un voyage, on y va, car on peut parier que ce moment particulier dans la semaine de mode masculine marquera un nouveau fashion statement que nous sommes nombreux à guetter. Ou tout simplement un tournant dans les propositions de mode masculine du designer anversois. Plus c'est compliqué, plus l'attente est longue, plus la démonstration se doit d'être flagrante. Une armée de bus pour nous conduire de la place de la Concorde au Bourget dans l'espace du galeriste Larry Gagosian, un ancien hangar de l'aviation revisité par Jean Nouvel. L'exposition temporaire présente de grands mobiles de Calder et des kiosques du mobilier public de Jean Prouvé, qui s'accordent pas si mal avec la collection.

Parmi les invités, Azzedine Alaïa dont le travail sera le sujet d'une grande exposition rétrospective en septembre à l'occasion de la réouverture du Musée Galliera et Sir Steven Jones, le talentueux chapelier de Dior qui s'est permis ce break à quelques jours de la collection haute couture parce que son travail de "millinary" pour Dior designed by Raf Simons lui en laisse le temps.

Sur les grands hits enthousiastes de la new beat belge, l'électro des grandes raves de la fin des années 80 dont Raf Simons s'est toujours senti proche, marchaient des jeunes gens dans le tenues épurées. Combinaisons polo-short ou marcel-short sans coutures découpées dans une maille souple mais bien épaisse et apparemment synthétique. Un passage de grands T-shirts, des robes T-shirt jusqu'à mi cuisse, amples et plats portés avec des socquettes mi-mollet dans des gros mocassins bariolés et parfois des bottes à la Courrèges. Ces silhouettes sous les Calder avaient de quoi évoquer Courrèges. Mode futuriste au masculin ? Dans les formes et les matières cela avait quelque chose d'évident. Quand aux façades des T-shirts, elles arboraient des jacquards et des imprimés publicitaires comme des affiches au graphisme des années 50 mais dont on aurait modifié les slogans et les motifs :

Les bouteilles de soda laissent tomber des gouttes géantes et les slogans parle de "Yo-Ga", "d'artificially flavoured", de "super nylon" et "this is the new shape of confort", De trucs pas très naturels.

Sur les plastrons des T-shirts encore, de grandes tulipes rebrodées de pierres très couture passent sous des manteaux sans manche et bicolores vert sapin et blanc. Rayures, zig zags, triangles, diagonales, sur ces grands panneaux d'affichage que sont devenus les vêtements, les motifs ressemblent à de la signalétique routière, les vestes et parkas sont noires et perforées et puis cette silhouette, d'une classe absolue : le fameux short en maille qui donne l'illusion d'une jupe et se roule à la taille au dessus d'une ceinture rayée sur un polo côtelé rose. C'est chic !

Paquita Paquin