Manteaux sombres aux poignets en délire, retroussés sur une doublure en shantung fuchsia, cols écharpes noués bien raides, eux aussi doublés de soie flashy. Au dos, ces manteaux, arborent des ampleurs rondes retenues par des martingales haut placées ou surbaissées, libérant des volumes bombés qui se lisent comme du Balenciaga.

Une allure on ne peut plus couture pour ces redingotes d'Incroyables, voire une certaine féminité dans ces tournures qui flattent la taille.

Toujours dans l'effet, Raf Simons place ou plutôt il déplace, sous des cols en satin contrasté et très anguleux des vestes de lainage, une patte de col large et horizontale qui vient barrer le haut de la poitrine, effaçant le premier double boutonnage.

Les marinières chères au styliste anversois, toujours tellement uniques dans leur dénuement, font jouer la troisième dimension par un jeu cinétique noir et blanc. Classe !

Sur les pulls de maille fine se posent une grande variété de mini-motifs jacquard figuratifs, un profil en forme de point d'interrogation qui appartient à son répertoire, une foule de voyageurs, des personnages de bande dessinée qui par leur accumulation ont, eux aussi, un pouvoir cinétique. Et c'est l'association du motif vibrant et de la qualité irréprochable du pull qui signe l'expression voire le positionnement de Raf Simons ici et maintenant.

Interviewé sous mes yeux avant le show, Jean-Jacques Picart, décrivait ainsi Raf Simons : " Il a les qualités du Nord, Intégrité, exactitude concluant qu'il était bien dans son rôle et bien dans sa peau ", insinuant : tout sauf hystérique. Et ce show nous démontrait comment par la richesse de ses propositions, Raf Simons parvenait à positionner la mode masculine exactement dans une époque aussi aventureuse que sécuritaire.

Paquita Paquin