A la manière d'un artiste-peintre sur le point d'un repentir, Julien Fournié a escaladé la pente la plus ardue dans la carrière d'un couturier. A son âge, on est grisé par le bruits des sirènes et les trompettes de la renommé, les people par ci, les flashs par là. Pas Fournié. Il vient de le prouver. Sa collection trouve ses sources au coeur du martyre et de la souffrance, vaste sujet de réflexion métaphysique d'où l'on sort soit grandi, conforté par une force supérieure, soit complètement anéanti, voire ridiculisé pour avoir osé tenter pareil Olympe où seuls sont admis quelques rares élus.

Ses robes, faites de retenue et de contention, ramènent la dynamique du vêtement à celle d'un miroir présent, omniprésent même, qui définit les sommets et les précipices de l'âme, d'où leur singulère beauté. Nicolas Degennes, maître-maquilleur, a su prêter des accents volontairement dramatiques aux mannequins, les propulsant dans des demi-jours chromatiques, suggérant une imaginaire descente aux enfers et une remontée à la surface dans une maîtrise jubilatoire qui atteste leur droit de porter la diférence, là où le vêtement rejoint la vraie personnalité.