
Alerte au froid !
La femme John Galliano n'a pas froid aux yeux, ni au ventre. La première silhouette nous fait frissonner. Nombril à l'air mais la jambe bien floutée par un pantalon oversize, l'équilibre est imparfait. Encore plus avec ce chapeau mondain qui cache son regard. C'est la confusion des genres. Les silhouettes se suivent et la disproportion perdure. Les bermudas sont XXL, les robes amples laissent place à la suggestion et certains tops aux longueurs insolentes tentent de faire de l'ombre à des pantalons à pinces gigantesques. Tentative vaine.
Heureusement, il y a cette mousseline légère qui fait des jupes aériennes, des cache-coeur sensuels et des drapés angéliques. Heureusement encore, il y a ces effets de plis qui cintrent légèrement la taille, ces noeuds qui dévergondent un tissu d'apparence rigide presque froide. Et voilà peut-être le point nodal de cette collection : la froideur. Et il n'y a pas que les Docks de Paris et leur sol en béton qui font baisser le thermostat.
Il y a cette palette de couleur, du blanc au bleu, un bleu Klein, Cobalt, acier qui souligne les teints pâles de mannequins. Il y a leur allure presque hautaine, sourire absent et chapeautées à la façon de la Haute. Et il y a ce vestiaire au calibre détonnant pour une femme anti-conformiste, désinvolte même, affranchie des codes d'une mode qui se veut bien plus commerciale.
Bill Gaytten a pris des risques mais voilà que l'on reste bien frileux.
Chloé de Trogoff