
Le défilé commence dans une heure, j'arrive donc un peu plus tôt pour me plonger dans les backstage. Je montre mon carton. "Photographe". Le sésame. La fraîcheur et la grisaille du dehors laissent place à une incroyable lumière beige et la chaleur des projecteurs semble enrober chaque model.
Au premier coup d'oeil sur la salle aux murs décrépis et au plafond en forme de dôme, je reconnais Julien Fournié, un fer à repasser à la main, appliqué à l'extrême, déplissant le tissu bleu et soyeux d'un énorme noeud aux boucles larges, cousu dans le dos d'une robe.
"Voilà. Peux tu marcher s'il te plaît ?" Dit-il.
Alors la demoiselle se déplace au centre de la pièce, tout le monde s'écarte. Elle se met à marcher, mains sur les hanches, ses longues et fines jambes donnent vie au tissu dont Julien regarde le tombé avec une gravité totale.
Grave et joyeux, Julien donne à ses backstage une ambiance particulière, à la fois sensuelle et détendue, que j'apprécie beaucoup.
"Ca ne va pas. Un ciseau s'il vous plaît !"
Et c'est reparti pour une nouvelle retouche. Les mannequins discutent entre elles, prennent la pause pour le first look, s'isolent pour essayer de contrôler leur stress.
Les habilleuses, toujours vêtues de noir, vérifient et revérifient tout dans les moindres détails. Un pli qui ne devrait pas être là, un noeud mal fait, des chaussures mal attachées, etc. Tout doit être parfait.
Le maquillage et la coiffure sont faits, le défilé commence dans quelques minutes. L'ambiance devient plus silencieuse, on ressent comme de l'électricité dans l'air, tant la nervosité prend place.
Les filles sont maintenant en ligne face au rideau du catwalk. Dernières recommandations. Bien suivre la musique, respecter le timing.
Dans la salle, le noir se fait, la musique monte doucement, tout le monde se tait.
La suite, se passe maintenant dans un autre monde.
James Bort
Retrouvez également le compte-rendu du défilé de julien Fournié .