
Défilé prêt-à-porter Homme Automne-Hiver 2010-2011
Alexis Mabille : de l'art d'accommoder les noeuds
Alexis Mabille, d'habitude si sage avec le sexe faible, habille comme il déshabille les jeunes dandies parisiens, avec élégance et juste ce qu'il faut de malice pour réchauffer l'air du temps.
Les gris asphalte ou béton clairs parfois légèrement chinés se fondent bien dans le paysage urbain hivernal pour révéler à l'occasion, toujours discrètement, des accents bleu clair ou une rayure rose pâle qui évite l'écueil de la grisaille.
Les pantalons de la saison sont de deux types : soit ils se drapent de larges plis aux hanches, soit ils affectionnent la longueur " feux de plancher " pour une ligne épousant toutes les formes du bas du corps soulignées tout le long de l'entrejambe d'un cordon de passementerie bicolore twisté. Le short peut se porter désormais également l'hiver, au-dessus d'un caleçon long. L'audace mesurée des bas permet aux hauts de s'orner de laine brodée en trois dimensions. Tel autre gilet arbore une belle broderie en dégradé de boutons noirs et blanc, la doudoune sans manche en renard argenté rappelle, grâce à ses ganses horizontales, le gonflant du garnissage habituel à cette pièce, tout en lui conférant la douceur de cette fourrure aux tons naturellement dégradés.
Le soir, l'allure smoking se découpe, à moins que l'on opte pour la fantaisie d'un look chemise blanche du soir brodée en noir du code de la maison : le noeud. Cet ornement se retrouve de façon plus fonctionnelle dans certaines ceintures aux extrémités de passementerie quadrillée, justement nouées pour ceindre la taille.
Dans la partie sous-vêtements du défilé, un slip taille basse s'incruste d'une maille en résille pour jouer la carte de la séduction, tandis que la patte de col d'une chemise, détournée, se porte comme un harnais de popeline délicate venant se boutonner, au creux des reins, à la manière d'un noeud fantôme. Tel autre slip noir se marie sur la peau nue à de douces bretelles en chaîne de passementerie coordonnées. On peut lui préférer le caleçon en coton indien blanc tissé ça et là de fils roses, et agrémenté de poches à soufflets pour une utilisation " loungewear ".
La précision a l'avantage dans cette collection automne-hiver 2010-2011 et pourrait même laisser étonnamment deviner davantage de perspectives pour la ligne masculine du créateur qui révèle ici une passion maîtrisée.
Jean Paul Cauvin