
Hermès, l'ultime maîtrise du cuir
A quelques jours du Saut Hermès, compétition patronnée par la maison mère, la collection de Christophe Lemaire fait sens. L'équitation, relation étroite et chic qu'entretient Hermès avec le monde du cheval, est mise ici sur son piédestal. Avec bottes et talons compris.
Mais ce n'est pas le seul lien qu'entremêle cette saison le créateur français, il est aussi le médiateur d'un héritage marqué par le passage de créateurs dans la maison : de Martin Margiela, dans la facture droite des matières et des coupes, à Jean Paul Gaultier, dans l'ornement et le traitement du style Gaucho, par exemple. Mais Christophe Lemaire ne rature en rien cette passation de droit, saute l'obstacle avec facilité et trouve ici sa propre foulée.
Le cuir est le premier liant, une matière qui excelle chez Hermès, arrivé à un tel point de maîtrise qu'il faut être presque au premier rang du défilé pour ne pas confondre sa qualité et sa souplesse avec une maille plus épaisse et confortable. Le cuir, Christophe Lemaire l'érige en paravent du corps, une seconde peau qui protège mais n'entrave en rien une sensualité exacerbée entre ce rapprochement de deux épidermes, un vivant et un mort.
Dans les autres propositions de son vestiaire, le masculin-féminin est récurrent, mais il est ici assumé de plein fouet offrant quelques silhouettes des plus androgynes comme ce cardigan Camel XXL de grand-père d'un luxe extrême, porté sur une chemise et un pantalon d'homme. Si cette collection est sous le signe du passage, elle s'exporte vers des domaines où Christophe Lemaire semble pouvoir s'épanouir et faire de même avec l'ADN de la maison.
Fabrice Paineau