
Il semblerait que les hommes soient plus aptes à créer des parfums pour femmes. Il n'y a qu'à rencontrer Ben Gorahm, créateur des parfums Byredo, pour avoir envie de lui plaire, et porter Tulipe ou Bal d'Afrique, deux fragrances inspirées de ses souvenirs les plus agréables... Un parfumeur tatoué venu de Suède, à la conquête d'un monde trusté par les plus grandes maisons du luxe. Son tout nouveau stand au Bon Marché est d'ailleurs juste en face de celui des parfums Dior, et son Oud Immortel, sa Gypsy Water et son Encens Chembur, ont tout pour devenir des classiques de la parfumerie. Des must-have olfactifs, émotionnels, au design minimaliste, à découvrir d'urgence. Nous avons rencontré Ben Gorahm de passage à Paris.
D'où vient le nom de votre marque, "Byredo" ?
C'est une expression qui vient du vieil Anglais, By Redolence, qui signifie "odeur agréable", car la plupart de nos parfums sont basés sur des souvenirs particuliers.
Quel est votre parcours ?
J'ai créé la maison Byredo il y a cinq ans maintenant, avec une idée assez simple : faire des parfums avec mon point de vue. J'ai commencé par un petit projet à Stockholm, où je vis. J'ai demandé aux nez Olivia Giacobetti et Jérôme Epinette de réaliser quelques-unes de mes idées très spécifiques, basées sur les souvenirs, des lieux ou des gens.
Quel est la première chose qui vous a inspiré justement ?
Mon père, et cela a donné le parfum Green. Il portait des essences très "vertes", il passait beaucoup de temps à Paris... Mais à travers ce parfum je voulais aussi retranscrire mon souvenir des années 70. Et j'ai été surpris à quel point on était proches de cela avec cette fragrance. J'ai eu envie d'aller plus loin, et d'en faire d'autres. J'ai beaucoup appris à cette période sur l'univers de la parfumerie, sur l'utilisation des matières premières, mais également sur ce que les gens voulaient.
Comment travaillez-vous concrètement avec Olivia Giacobetti et Jérôme Epinette pour créer un parfum ?
Je commence par faire un brief initial, qui peut être inspiré et enrichi de photographies, matières ou même de musiques. Ils me proposent une première version, puis les ajustement peuvent prendre plusieurs mois. Cela peut-être rapide, comme assez long. Et lorsque je sens émotionnellement que c'est bon, que le parfum est suffisamment proche de l'idée de départ, c'est prêt.
Pensez-vous qu'il y ait une "swedish touch" en matière de mode, design, et désormais en parfumerie ?
Stockholm est un endroit assez isolé en fin de compte, et je crois que les marques de prêt-à-porter ou de design en sont forcément influencées. En ce qui me concerne, je pense que l'on ressent une touche suédoise dans la simplicité et la fonctionnalité de mes produits. Il y a aussi quelque chose concernant l'utilisation des ingrédients. Au lieu d'utiliser 60 ou 700 ingrédients différents comme beaucoup de marques, je n'en utilise que cinq ou 15 maximum pour mes parfums. J'aime l'idée de garder une certaine clarté.
Quel est le dernier parfum que ayez créé ?
Seven Veil. Cela peut sembler un peu cliché, mais je voulais exprimer un acte de séduction à travers ce parfum. Je me suis inspiré de l'histoire de la danse des sept voiles, où Salomé enlève justement ces sept voiles, pour que le roi Hérode Antipas succombe à son charme, et fasse ce qu'elle attend de lui. J'aime bien l'idée que l'on porte ce parfum comme un voile justement. Nous allons d'ailleurs proposer une écharpe en soie parfumée avec Second Veil, créée par le studio MM.
Des projets ?
Nous venons de sortir des vaporisateurs de sac en cuir, et cela a été un projet très excitant. J'ai beaucoup aimé travaillé cette matière, et j'aimerais beaucoup développer une ligne de petits accessoires en cuir parfumé pour l'été prochain.
Propos recueillis par Mélody Kandyoti
Byredo
Le Bon Marché
24 Rue de Sèvres, 75007 Paris