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Mode et maigreur : Quand les podiums flirtent avec l'anorexie

Sur les podiums, les top models superstars des années 80 et 90 ont laissé la place à des silhouettes longilignes d'adolescentes découvertes au berceau. En 20 ans, la tendance s'est confirmée, alertant même les rédactions des plus grands magazines de mode et les autorités. Dernière actu en date, Israël vient de faire passer une loi interdisant les mannequins anorexiques, tant sur les défilés que sur les publicités. Une grande première qui semble laisser croire qu'enfin, le culte de la maigreur va peut-être toucher à sa fin.

A sa façon, la mode nous communique sa propre perception du beau. Que ce soit pour les vêtements comme pour celles qui les portent, elle impose son tempo, souvent en décalage avec le reste de la société. Ainsi, les années 80-90 et ses corps dévêtus ont érigé des canons de beauté qui ont influencé des générations d'hommes et de femmes, se construisant avec, dans l'inconscient collectif, l'idée que les tops du moment (Cindy Crawford, Claudia Schiffer, Naomi Campbell, Linda Evangelista...) représentaient LE modèle de beauté idéal. Un corps élancé, ferme, avec des seins et des fesses. Ces mannequins là avaient un nom, et en ont ensuite fait une marque.

La donne a commencé à changer avant même le passage au nouveau millénaire, avec en fer-de-lance une petite anglaise qui fera beaucoup de bruit : Kate Moss. La silhouette un brin androgyne de "la Brindille", avec ses seins menus et son corps mince, se situe à contre-courant, comme une réminiscence de la Twiggy des années 60. Pourtant, les années qui suivront seront rythmées par l'arrivée d'une nouvelle génération de mannequins, plus jeunes, aux airs et formes adolescentes. Bien sûr, les tops sont toujours là – Anja Rubik, Gisèle Bundchen, Alessandra Ambrosio, Miranda Kerr – mais font office d'exceptions.

Surtout, les années 2000 signent le début de l'ère de l'ultra-minceur, sur les podiums comme dans les magazines, avec qui plus est l'avènement des logiciels de retouche photo comme Photoshop. Les corps se font irréels, étirés au possible. Surtout, les mannequins souriantes d'autrefois ont fait place à des expressions figées. Les créateurs eux continuent de créer des vêtements toujours plus étriqués, poussant les agences à trouver des modèles toujours plus jeunes et menus. Une course à la minceur qui conduit à des drames. Ainsi, en 2006, deux mannequins décèdent de malnutrition, l'uruguayenne Luisel Ramos et la brésilienne Ana Carolina Reston. Des faits divers qui poussent les autorités à prendre (enfin) des mesures. Les mannequins trop maigres sont interdites à la Fashion Week de Madrid.

Six ans plus tard, c'est le magazine Vogue qui se mobilise en signant un pacte et en promettant que seules des filles de "plus de 16 ans et en bonne santé" auront droit de figurer dans les pages des 19 éditions internationales. Même engagement de la part de Franca Sozzani , rédactrice en chef du Vogue Italia, qui s'insurge publiquement contre les site "pro-ana" faisant l'apologie de l'anorexie sur le net, allant même jusqu'à retoucher des photos de mannequins pour les faire paraître plus maigres. Une pétition est mise en ligne par le magazine. Pourtant quelques temps plus tard, une série photo mettant en scène Karlie Kloss provoque le débat. La top américaine y semble plus filiforme que jamais, le corps ultra-mince et très musclé.

Entre minceur et maigreur, la frontière est toujours floue. Les bonnes intentions des magazines semblent vaines, celles des créateurs incertaines. Reste l'action des autorités. Israël a choisi de recourir à la loi pour prévenir le phénomène des mannequins anorexiques. Ainsi, depuis le 1er janvier 2013, les mannequins hommes et femmes ayant un Indice de Masse Corporel (IMC) inférieur à 18,5 n'auront plus le droit de défiler ou d'apparaître dans les médias israéliens. Un standard qui se base sur les calculs de l'Organisation Mondiale de la Santé. Les contrevenants, éditeurs de magazines ou marques, se verront punis d'amende s'ils ne respectent pas la loi. Une première du genre.

En pratique, les mannequins devront présenter un rapport médical de moins de 3 mois avant chaque shooting. Même combat envers Photoshop : "il doit être clairement indiqué sur les images utilisées si un programme de retouche a été utilisé pour affiner l'apparence du mannequin". Une loi qui concerne toutes les publicités mais qui épargnent les magazines étrangers.

Une décision choc, encore isolée, mais qui pourrait bien donner des idées à d'autres gouvernements. Certains applaudissent déjà l'action. Reste que la mode n'est pas la seule responsable du culte de la maigreur, même si elle y participe. Beaucoup pointent déjà du doigt une autre industrie, celle d'Hollywood, et de ses stars jamais assez minces, qui ont un impact encore plus grand, surtout chez les jeunes. Mais là, c'est une autre histoire...

Catherine Brezeky

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