L'homme qui murmurait à l'oreille... des requins blancs. "Dressed for dinner", la dernière vidéo d'Adam Kimmel.
Le magicien David Blaine se joue des requins blancs en plein océan Pacifique, habillé d'un smoking Adam Kimmel. Et pourquoi pas ?
Après les exploits de skateurs un peu dingos qui dévalaient les pentes d'une vallée de la Californie, Adam Kimmel réitère ses exploits de vidéaste. Dernière péripétie, le magicien cool David Blaine plonge parmi ses amis requins, des blancs, des méchants et se laisse aller en smoking, cape rouge et chemise hawaïenne, à flirter avec ces derniers. Impressionnante vidéo filmée d'une manière paisible en plein coeur de l'Océan Pacifique, non loin de l'île Guadalupe, en Basse-Californie. Ici, c'est du sérieux. Quoique ! Une opération de pacification a bien lieu : David Blaine, magicien à la barbe de 100 jours, nage paisiblement avec des squales de plus de deux mètres pour conjurer la peur ancestrale des "Dents de la mer". Il mange un sandwich, épluche une banane et fume le cigare. Dans ce jem'enfoutisme écolo, la vidéo d'Adam Kimmel est régénérante car s'amuse autour d'un possible danger, mouille ses vêtements, risque la vie d'un homme, etc. Les skateurs avaient déjà bien failli érafler leur costume en chambray dans la précédente vidéo.
Que peut-on dire des vidéos d'Adam Kimmel ? C'est qu'elles se démarquent fortement des vidéos mode du moment, moins niaises, plus cool et habiles à saisir un vêtement pourtant plus à l'aise avec l'image fixe. Mais le monde de Kimmel est en place, offre un présent à semi-rêvé et cauchemardé, et gère une narration baignée d'une nouvelle nonchalance cool. À qui profite le crime ? À l'image même de la marque, et aucune autre histoire ne lui est substituée. Les smokings comme les shorts du défilé de cette saison ont le même devenir : sortir du trottoir pour s'installer sans souci au bar d'un hôtel cinq étoiles pour happy fews. Et inversement. La décontraction est de taille.
Dans les premiers temps de cette vidéo, on aperçoit le créateur, Adam Kimmel, chapeauté d'un panama blanc en train d'affûter et d'ajuster le col du smoking de David Blaine. En quelques secondes, le charisme du créateur est bien là, à sa manière, différent d'une présence trop ajustée tel un Tom Ford en perte de repères. Adam Kimmel joue parfaitement avec son époque, et se joint à cette cérémonie des nouveaux blogs hommes qui, depuis la Suède et d'ailleurs, chantent une internationale du prêt-à-porter bien plus libre, loin d'un exploit du vêtement de créateur de plus en plus à côté de la plaque. Un bohème créateur, pas un bourgeois, voilà l'aura qui désormais délimite les contours de la pensée kimmelienne. La mode peut se mêler à toutes les missions les plus insensées ou futiles, tant que ces dernières flirtent avec la performance tirée de l'art contemporain. En galerie ou en vidéo, Adam Kimmel s'en tire bien.. Après le porno chic, le risky chic ?
F.P