En 1903, à l'âge de 18 ans, elle quitte l'orphelinat et part travailler comme vendeuse dans un magasin de layette à Moulins. Elle y apprend le métier de couturière et manie l'aiguille à la perfection. Mais la jeune-femme rêve en secret de devenir célèbre et préfère tenter sa chance comme chanteuse. Elle pose sur la scène du café Beuglant de la Rotonde et chante avec entrain "Qui qu'a vu Coco sur le Trocadéro" : d'où le surnom "Coco" que lui attribuèrent ses admirateurs, des officiers de l'armée. Si Gabrielle se fait remarquer pour sa personnalité et son charme, elle comprend vite qu'elle n'a pas assez de voix pour faire carrière dans le café-théâtre. Elle part s'installer chez son protecteur, Etienne Balsan, un homme du monde, riche gentleman qui vient de rendre ses galons d'officier pour se consacrer à l'élevage et aux courses de chevaux. Ce dernier, séduit par la silhouette et la personnalité de Gabrielle, l'introduit dans le monde de la haute société. Mais Coco s'ennuie dans un monde qu'elle juge trop guindé, elle consacre alors tout son temps à l'équitation et à la confection de chapeaux, accessoires. Déjà, elle affirmait son style en refusant la mode de l'époque, les corsets, les robes à frou-frou, les couvre-chefs surchargés et autres breloques, leur préférant des tenues plus confortables, sobres, simples.
Par l'intermédiaire de Balsan, Gabrielle rencontre Arthur Capel, dit Boy, qui sera le seul grand amour de sa vie. Persuadé que Coco doit exploiter sa personnalité indépendante et son don pour la couture, il la pousse à ouvrir son atelier de couturière, dans une garçonnière du boulevard Malesherbes à Paris. En 1909, Boy Capel l'aide financièrement à lancer sa première boutique de chapeaux et accessoires : Chanel Modes, au 21 rue Cambon à Paris. Coco crée alors des modèles épurés, aux antipodes de la mode surchargée de son époque. Son style simple et élégant attire de plus en plus de clients. Ses affaires qui se développent l'encouragent : en 1913, elle ouvre une enseigne à Deauville, puis une autre à Biarritz en 1918.
En 1914, éclate la Première Guerre Mondiale et les conséquences désastreuses qui s'en suivent s'abattent sur tous les domaines même celui de la mode. La pénurie de tissus et de mains d'oeuvre ne font qu'empirer une situation déjà mal-en-point. Chanel achète alors à Rodier du jersey, une matière méprisée par les créateurs de mode de l'époque et conçoit pour les femmes des tenues légères, pratiques et sobres. Un style fidèle à son adage : "il n'y a pas de mode si elle ne descend pas dans la rue".
Le succès de ses créations lui permet de rembourser Arthur Capel et d'acquérir son indépendance financière. Elle achète deux nouveaux immeubles rue Cambon pour agrandir son siège et fait travailler une centaine d'ouvrières dans ses ateliers. Dans les années 20, Chanel a conquit le grand public. Elle propose aux femmes un nouveau style, décliné du vestiaire masculin, les incite à porter les pantalons et cheveux courts. Gabrielle lance la mode du cardigan, du jodhpur. Elle fait l'apologie de l'allure fine, met à l'honneur la silhouette androgyne et libère les femmes de leurs carcans.
Mais survient un tragique événement : le 22 décembre 1919, Boy Capel décède d'un accident de la route. En perdant son seul grand amour, Gabrielle vivait alors le drame de sa vie et se réfugie dans le travail. Cinquante ans plus tard, elle avouera : "en perdant Capel, je perdais tout".
Toutes les liaisons masculines qu'elle entretiendra ensuite ont inspirés ses créations : elle lance les robes à motifs slaves pendant sa relation avec le Grand-duc Dimitri Pavlovitch de Russie et empruntera plus tard, à son amant, le Duc de Westminster, des éléments de sa garde robe comme le béret de marin ou la veste en tweed pour les adapter à sa manière. Gabrielle tient alors sa success-story, qui culmine en 1926 quand elle crée l'incontournable petite robe noire, saluée par la critique et par le magazine "Vogue". Copiée dans le monde entier, elle est baptisée comme la robe "Ford signée Chanel", en référence à la populaire voiture américaine.
C'est en 1921, que la couturière crée son premier parfum, car pour elle "une femme sans parfum est une femme sans avenir". Elle est la première styliste à se lancer dans l'aventure de la parfumerie. Gabrielle fait appel à Ernest Beaux, un parfumeur de la cour de Russie, qui lui présente cinq échantillons. Elle choisit le cinquième et déclare la naissance de sa première fragrance, le Chanel N°5. Elle dessine elle-même le flacon et fait découvrir sa senteur en la vaporisant dans sa boutique. En 1924, elle crée sa société de Parfums Chanel, grâce aux frères Wertheimer qui à partir de cette date possèderont 70% de la parfumerie. Ernest Beaux continue de créer des parfums pour Chanel, comme Le 22 (en 1922), le Cuir de Russie (1924), le Gardenia (1925), et le Bois des îles (1926).
En 1932, elle lance "Bijoux de Diamants" sa première collection de Haute Joaillerie, qui "choque" en contexte de crise économique seulement trois après le Krach boursier. L'empire Chanel s'étend et la veille de la seconde guerre mondiale, Gabrielle est à la tête d'une entreprise de 4 000 ouvrières, fournissant 28 000 commandes par an. Pourtant, le conflit mondial précipite la fermeture de la maison. Contrainte de mettre la clé sous la porte, Coco s'exile en Suisse.
Le 5 février 1954, défiée par la gloire de son concurrent Christian Dior et son "New Look", elle rouvre, à 71 ans, sa maison de couture. Elle est alors confrontée à la mode de l'après-guerre, qui fait l'apologie des robes bouffantes, des corsets et des balconnets : l'inverse du style prôné par Coco, celui qui a fait son succès. Gabrielle pense à créer un modèle qui rendra à la marque sa renommée. C'est alors qu'elle invente la nouvelle silhouette Chanel : le tailleur de tweed et sa veste à quatre poches, décorée de boutons-bijoux dorés, qui reçoit un accueil chaleureux et qui s'impose rapidement comme un classique de la maison. Romy Schneider, Jeanne Moreau, Jackie Kennedy en raffolent. Elle le complète de ses célèbres ballerines bicolores et du fameux 2.55, sac matelassé à chaîne dorée.
Coco Chanel décède dans sa suite du Ritz, le 10 janvier 1971, un dimanche, jour de la semaine qu'elle détestait car dédiée à la famille et au repos. Cette grande créatrice, que ses intimes appelaient "Mademoiselle" a laissé à ses contemporains une nouvelle vision de la femme moderne, et à la mode une empreinte éternelle; "la mode se démode, le style jamais". Aujourd'hui et depuis 1983, Karl Lagerfeld tient la direction artistique de la maison.
Naissance : Le 19 Août 1883
Décès : Le 10 Janvier 1971
Métier : Couturière
Signe astrologique : Lion
Ville : Saumur