
Tout commence le 29 janvier 1971, lors qu'Yves Saint Laurent présente sa collection Haute Couture du Printemps-Été en quatre-vingt silhouettes : épaules carrées, jupes et robes longueur genoux, chaussures aux semelles compensées, motifs rétro, cheveux flous et maquillage soutenu. Une ligne inspirée des années 40 et du style rétro de Paloma Picasso, que le créateur a rencontré quelques mois plus tôt, mais qui bouleverse journalistes, acheteurs et clients qui crient au scandale à cause de ses connotations trop "après guerre".
Une collection "horrible" et "hideuse"
Pour celles et ceux qui, comme nous, n'étaient pas nés à cette époque, nous avons un peu de mal à concevoir qu'une ligne de couture puisse susciter autant d'émoi. Et pourtant... La Fondation a pu numériser un bon nombre de critiques acerbes datées de cette année, et laisse le visiteur les consulter à sa guide. On découvre que la presse était loin de faire dans la dentelle : "horrible", "hideuse"... Le Figaro signera même cette phrase assassine : "Yves Saint Laurent a la nostalgie de cette époque... et l'excuse de ne pas l'avoir connue". C'est encore pire qu'une critique de Suzy Menkes. La polémique semble avoir pris tellement d'ampleur à cette époque, qu'on se demanderait presque si le sujet ne s'est pas invité au sein même des foyers.
"L'important c'est que les filles jeunes aient envie de les porter"
Méritait-elle tout ce "cirque" ? Dans une interview que le couturier avait accordé au magazine ELLE en mars 1971, il expliquait : "Je crois même que le mot scandale n'est pas trop fort... Je suis triste et flatté". Nous, enfants des années 80 et 90, nous y voyons plus une inspiration rétro plutôt qu'un désir de revenir à une ère douloureuse. Cette collection est même, osons le dire, "fun" : les lèvres en sequins rose brodées sur un manteau noir en velours nous font sourire, l'épais manteau en fourrure vert nous donne une folle envie de le toucher, sans parler de ces robes en crêpe de Chine dans lesquelles on imagine que le contact avec la peau aurait quelque chose d'indécent tant elles paraissent légères. "Je me moque que mes robes plissées ou drapées évoquent pour des gens cultivés la mode des années 1940. L'important c'est que les filles jeunes qui, elles, n'ont jamais connu cette mode, aient envie de les porter" disait Yves Saint Laurent. Nous n'aurions pas mieux dit.
"Yves Saint Laurent 1971 – La collection du scandale", jusqu'au 19 juillet 2015 à la Fondation Pierre Bergé Yves saint Laurent.
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