Généralement, lorsqu'on imagine une prof de yoga, on la voit mince, car le sport renvoie immanquablement à un physique athlétique. C'est justement son image qu'a décidé de changer Trina Hall, en prenant 18 kilos. Un projet artistique pour apprendre à mieux se connaître et questionner notre perception du corps.
Après des siècles passés à vanter les charmes des corps pulpeux, synonyme de richesse et de pleine santé, nos sociétés occidentales ont viré de bord, érigeant la minceur au rang d'idéal de beauté. Pour être belle, il convient de faire attention à sa ligne et de faire de l'exercice au quotidien. Un rapport au corps source de complexes et d'angoisse, qui nourrit le business des régimes et des coachs, et qui a poussé une texane à se lancer dans un étonnant projet.
Trina Hall est professeure de yoga, et affiche une silhouette menue. Son physique, elle pensait ne pas y attacher plus d'importance que cela. Jusqu'au jour où une amie lui a confié avoir peur de devenir "la grosse prof de yoga". Frappée par cette phrase, elle va longtemps réfléchir à la question, avant de se lancer un défi artistique : prendre 18 kilos et observer les changements éventuels sur son rapport à son corps et le regard des autres. Active sur la toile, elle raconte son expérience.
Les 4 mois qu'a duré ce projet ont offert quelques révélations à la jeune femme. "Ma découverte la plus choquante à travers ce processus, c'est que j'ai peur de ne plus être aimée". Remplaçant ses menus habituels par de la junk food, Trina Hall a rapidement vu son corps se transformer et les kilos s'accumuler. Ce dont elle se doutait moins, c'est combien son image extérieure conditionnait sa confiance en elle. "Soudain, j'ai compris que mon amour propre était lié à mon apparence, vêtue d'un spandex - c'est quelque chose à laquelle je refusais d'accorder de l'importance avant l'expérience - et ça m'a mise en colère".
Mal dans sa peau, déprimée, la jeune femme prend peu à peu du recul et tire des leçons de cette transformation physique. Une fois ses craintes calmées, elle retrouve confiance en elle. "Je ne suis pas grosse, je suis foutrement géniale !"
Surtout, Trina Hall s'est rendue compte que nous sommes tous conditionnés par la société qui nous entoure, et que les standards de beauté, et l'importance accordée à l'apparence, a un impact direct sur notre regard sur soi. Et elle en tire une belle leçon : "Je voudrais aussi ajouter que si c'était là l'histoire de perdre 18 kilos, les gens me diraient combien ils sont fiers de moi et comme j'ai l'air belle. Je questionne nos valeurs. J'ai appris que j'accordais plus d'importance à mon physique que je pouvais l'imaginer. J'ai appris que je jugeais le physique. Et je veux changer ces choses pour devenir une personne plus ouverte et aimante".
C.B.
