
Vanessa Bruno, au coeur de la nuit noire
Vanessa Bruno est-elle partie à contre-emploi de son romantisme habituel ? Oui. Mais pour ne pas contredire son propos, car cette saison, le chemin noir emprunté par sa créature fonce dans les brumes d'une forêt enchantée et celle-ci semble bien armée.
Un uniforme de taille, une carapace sombre ou luisante d'un Amish qui aurait été éclairé d'une révolution futuriste. Les découpes parlent d'elles-mêmes : ogives pour ce qui est des manteaux ou des vestes dont les manches semblent avoir été libérées de la forme cape ; simplement graphiques quand le noir protège des transparences plus sensuelles. D'ailleurs ce noir est-il aussi austère qu'il n'y paraît ? Au fur et à mesure de la collection, il brille d'iridescences qui embellissent soies ou satins : les pantalons courts sont en soie laquée, les robes se constellent d'un réseau de mille feux, et la maille s'enrichit de paillettes ou d'autres lumières.
Si la nuit appartient à Vanessa elle n'en oublie pas moins un vestiaire de jour, bien qu'une lueur particulière habite les matières soyeuses et se joue de contrastes étonnants. La dentelle protège la soie brillante d'une robe et la maille confortable cohabite avec la légèreté de pantalons courts. Vanessa Bruno a donc délocalisé son romantisme pour lui faire traverser des zones plus obscures, ou plus nocturnes. Et pourquoi pas noctambule ?
Sa créature un brin Mary Poppins pourrait confondre les portes du sommeil, traverser en toute quiétude le fantastique d'une nuit à Shibuya, en plein coeur de Tokyo.
Fabrice Paineau