
A 17 ans, Alexis est lycéen et aime se maquiller. Si en 2019, on pourrait penser que les consciences sont plus éveillées et qu'on parle bien assez des stéréotypes de genre pour commencer à les voir comme un concept archaïque, il n'en est rien. Convoqué par la direction de son lycée, il s'est vu demander de ne plus porter de maquillage. Une histoire qui, postée sur les réseaux sociaux, a pris une grande ampleur.
C'est en France que ça se passe, à Albi dans le Tarn. Alexis, 17 ans, élève en première L-ES au lycée Bellevue, se maquille et à voir ses réseaux sociaux, ce n'est pas nouveau. Pourtant, le 18 février, il est convoqué par la CPE de son lycée pour parler de son maquillage. En effet, celle-ci a été contactée par la mère d'une collégienne qui avait été choquée de voir le jeune homme avec du make-up, mais également des talons aux pieds, ce qui a entraîné une intervention de la conseillère, mettant Alexis en faute. Un exemple plus que représentatif de l'impact négatif des stéréotypes de genre.
Les carcans du genre
Le lycéen a raconté au Huffington Post son échange avec la CPE. "Elle m'a dit que je devais respecter les codes normaux et m'habiller dans une tenue adaptée". Il ajoute, en colère : "Mais ça n'a pas à choquer. Cet entretien n'aurait même pas dû avoir lieu". A l'heure où Bilal Hassani est érigé en icône des jeunes et que le débat qui tend à déconstruire les stéréotypes de genre est plus que jamais d'actualité, refuser d'adopter un discours progressiste sonne comme une défaite. D'ailleurs, Alexis n'a pas eu son mot à dire dans cette affaire, puisqu'il raconte qu'on ne lui a pas donné de réponses lorsqu'il a demandé pourquoi c'était à lui de changer son apparence.
Cette censure, pourtant, n'a rien de très étonnant. Si on jette un coup d'oeil aux catalogues de jouets, les filles sont encore en rose et les garçons en bleu, les premières ont droit à des cuisines en plastique et les seconds à des petites voitures. Autant le dire, les carcans du genre qui enferment les filles et les garçons dans des rôles très définis sont tenaces.
De même, les violentes attaques auxquelles doit faire face le jeune Bilal Hassani et les réactions épidermiques qu'a pu susciter la publicité de Gillette déconstruisant la masculinité toxique ne sont que le reflet d'une société profondément patriarcale et sexiste où il semble bien difficile d'imposer de nouveaux modèles, d'insérer de la nuance.
Mais le fait de voir l'histoire d'Alexis dépasser les frontières de son lycée rassure. Car si on peut faire beaucoup de reproches aux réseaux sociaux, la vague de soutien qui s'est levée pour le cas d'Alexis est bénéfique. Ce mouvement prouve que les réseaux peuvent être un outil militant et engagé. De la même manière qu'ils ont porté #MeToo et, plus récemment, les dénonciations de la "Ligue du lol", les voilà de nouveaux sollicités pour lutter contre une injustice, une tentative de censure qui aurait pu passer inaperçue sans eux.
Une mobilisation qui peut résolument faire reculer les discriminations.