"The Walk" est un biopic sur le funambule français Philippe Petit (interprété par Joseph Gordon-Levitt), célèbre pour avoir marché sur un fil suspendu au-dessus du vide entre les deux tours du World Trade Center en 1974. C'est "officiellement" le pitch de film. En réalité, "The Walk", c'est bien plus que cela.

"The Walk" est une quête, un rêve, un objectif fou et ambitieux, une aventure incroyable et dangereuse... Effectivement, le film revient un peu sur l'enfance de Philippe Petit et son parcours avant son fameux "coup". Mais il s'agit juste de conduire le spectateur vers le moment ultime, celui où le funambule s'élancera à plusieurs dizaines de mètres du sol pour rejoindre les Twins Towers sur un fil. Le long métrage tourne principalement autour de ce projet fou qui constitue un rêve d'enfance pour l'artiste. Toute l'action est centrée vers ce seul objectif : tendre un film entre les deux tours du World Trade Center et la vie romancée de Philippe n'est là que pour servir d'introduction. On y suit donc la genèse du projet, sa réflexion, les personnages qui vont y participer, sa construction et enfin sa réalisation.

"The Walk" ou l'histoire d'une obsession

Si le sujet peut paraître un peu "sec" dis comme ça, tout le talent du réalisateur est de nous plonger dans l'univers du funambule et de sa quête, obsessionnelle, un peu comme si on suivait un chercheur de trésor avec tout ce que cela comporte comme réussite, stress, angoisse, échec, problème etc. Surtout, le plus dingue, c'est que tout est... vrai !

Et si le film est réussi, c'est parce qu'il y a plusieurs facteurs qui y concourent. D'abord l'image, légèrement jaunie pour mieux représenter la France des années 70. Ce filtre offre un délicieux esprit suranné et un récit romanesque des premières années de Petit, de son installation à Paris à la réussite de ce qui semble être un pari fou. Ensuite, il y a les images au-dessus du vide ou celles sur le toit du World Trade Center. Avec New York à ses pieds, on se sent comme le maitre du monde. Et puis, il y a évidemment une portée symbolique évidente. Sorti en 2015, il faut aussi voir "The Walk" comme un puissant hommage à la tragédie du 11 septembre 2001 et à la portée symbolique de ses trous jumelles, hier, comme aujourd'hui.

La réussite incombe aussi à celui qui a porté ces aventures à l'écran, Robert Zemeckis, un des maîtres du divertissement (la trilogie "Retour vers le futur", "Forrest Gump", "Seul au monde") qui permet à ce projet de ne pas se transformer en un simple documentaire. De fait, il y a un aspect romanesque important et le film est parfois construit comme un thriller, ce qui est principalement prégnant lors des scènes où l'équipe doit installer le fil entre les tours. Ajoutez à cela une bonne dose d'humour et d'humanisme et vous obtenez sans doute un des plus grands exploits artistiques et humains du 20^e siècle. A déconseiller ceci dit si vous avez le vertige...

En DVD et Blu-ray ce 9 mars 2016 (Sony Pictures Home Entertainment).

Grégory Curot