Sale temps pour les pervers. À l'heure où l'affaire Weinstein fait l'effet d'un tsunami, Terry Richardson - photographe star à la réputation sulfureuse - se retrouve lui aussi en mauvaise posture.

Alors que les langues se délient et que les témoignages de harcèlement et d'agressions sexuelles se multiplient, ils sont plus d'un à faire les gros titres. D'Hollywood à Paris, la liste des prédateurs sexuels semble s'allonger et cette semaine, c'est au tour de Terry Richardson de trembler (à nouveau). Connu pour ses clichés explicites, le photographe de mode n'en est pas à sa première polémique. Accusé par plus de 40 femmes d'agressions et de harcèlement sexuel depuis des années, l'homme à la chemise de bûcheron se retrouve aujourd'hui blacklisté par plus d'une publication.
Des mesures prises notamment par les éditions Condé Nast et révélées dans une série d'e-mails ayant fuités publiés dans le Daily Telegraph. Oncle Terry, roi du porno chic longtemps considéré comme l'un des photographes de mode les plus influents, fait désormais partie des persona non grata de l'industrie. Comme on peut le lire dans les messages de James Woolhouse, vice-président du groupe Condé Nast, "Condé Nast entend cesser de travailler avec le photographe Terry Richardson. Toute commande déjà passée qui n'a pas été publiée doit être supprimée ou remplacée par d'autres productions".
Un arrêt de mort professionnel pour celui qui dès 2013 faisait déjà l'objet d'une pétition lancée sur change.org visant à le boycotter. Ayant toujours démenti les accusations pourtant nombreuses, le photographe assume néanmoins son rapport décomplexé au sexe dans son travail. En 2015, il déclarait au monde : "C'est seulement l'un des aspects de mon travail. C'est évidemment un thème qui intéresse tout le monde et qui interpelle. Presque toutes les publicités utilisent le sexe, ou au moins le suggèrent, pour vendre un produit. La différence dans mon travail est peut-être que je suis intéressé par une sexualité libre et désinhibée, plus qu'une vision stéréotypée".
À l'heure où de plus en plus de mesures sont prises pour protéger les mannequins (on pense notamment à la charte Kering LVMH) et où l'omerta sur les violences sexuelles se fissure de plus en plus, cette décision n'a rien de surprenant. Il aura tout de même fallu des années pour quelle soit prise.