Être une femme engagée en politique est un parcours semé d'embûches. Dans cet univers où les hommes ont longtemps régné en maître, le sexisme demeure trop commun. Pour lutter, Sandrine Rousseau, porte-parole national d'Europe Ecologie-Les Verts, publie un "Manuel de survie à destination des femmes en politique" aux éditions Les Petits Matins.
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Il y a eu l'épisode de la robe à fleurs de Cécile Duflot (alors ministre du Logement) à l'Assemblée Nationale, sujet de quolibets de la part de certains élus. Un "moment pas très glorieux" de l'aveu de Laurent Wauquiez au micro de France Info, qui remonte à 2012.
Plus récemment, c'est l'élue écologiste Véronique Massonneau qui a été chahutée dans l'hémicycle. Sous les caquètements de certains, elle s'est interrompue dans son intervention, rappelant qu'elle "n'était pas une poule".
Ces exemples frappants de sexisme dans le monde politique sont malheureusement courants. Ségolène Royal, actuelle ministre de l'Ecologie, qualifiée "d'emmerdeuse" en couverture d'un numéro du magazine L'Express, n'a d'ailleurs pas pris de gants pour dénoncer le machisme qui règne toujours en politique. Et puis il y a aussi ces critiques émises à l'encontre de ces femmes qui exercent des responsabilités tout en étant maman.
C'est donc à point nommé que tombe la sortie du "Manuel de survie à destination des femmes en politique" de Sandrine Rousseau. La porte-parole nationale d'Europe Ecologie-Les Verts recense avec humour ces moments de machisme triomphant et dispense des conseils pour faire carrière, malgré tout.
"Aujourd'hui, pour réussir en politique, une femme doit avoir la quarantaine, être un peu jeune et jolie", déclare-t-elle, tout à trac à Libération. Et l'élue d'évoquer cet "effet chewing-gum", comme elle l'appelle, dont est victime la gent féminine.
"Quand on arrive, il y a un effet fraîcheur, on nous dit qu'on renouvelle la politique, qu'on amène quelque chose de nouveau. Puis, quand on commence à s'apercevoir que vous êtes une femme de pouvoir et d'action et que vous n'allez pas forcément dans le sens attendu, quelque chose d'assez violent se met en place contre vous." (Les Inrocks)
"On me demande si j'ai couché"
Sandrine Rousseau souligne ainsi la remise en question perpétuelle du parcours des élues. On pointe du doigt les quotas mis en place pour améliorer la représentativité des femmes en politique et qui ne plaisent pas à tout le monde.
Pour lutter, l'auteur du "Manuel de survie à destination des femmes politiques" a deux armes : l'humour et la provocation. "On a actuellement tendance à appeler une femme par son prénom (...). Quand ça m'arrive, je plie une feuille en deux et j'écris mon nom et mon prénom dessus (...). De même, quand on me demande si j'ai couché, je réponds : 'Oui, bien sûr, et je le referai plein de fois.' Il n'y a que la réponse grotesque qui va marquer les gens." assure-t-elle aux Inrocks.
Sandrine Rousseau appellent aussi les femmes à se responsabiliser, sûre que "si toutes les femmes étaient féministes, il n'y aurait plus de problème." Mais pour l'élue, se préoccuper de la gent féminine ne suffit pas.
"Aujourd'hui, le monde politique est dominé par des hommes blancs de cinquante ans, alors qu'ils représentent 15% de la population française. Il y a un problème avec la représentativité des femmes mais aussi des minorités visibles. Un des gros problèmes de notre démocratie, c'est que les citoyens ne se retrouvent plus dans cette classe politique très uniforme. Pour moi, c'est un devoir démocratique d'ouvrir la représentation à la population."
Le défi est de taille mais la loi ne suffira pas. Ce sont les moeurs et les esprits qui doivent changer.
"Manuel de survie à destination des femmes en politique" par Sandrine Rousseau, édition les Petits Matins, 112 pages, 9,90 euros
