Les défilés de Raf Simons proposent une vision de la mode qui ne s'enferme pas totalement dans des contingences de portabilité et de tendances. A travers le choix des mannequins, le lieu qu'il choisit, il parle plus de la jeunesse que de ce qu'elle porte sur le dos. Peut-être même que Raf Simons aurait sa place à côté de Chanel et de Saint Laurent, les seuls couturiers selon Pierre Bergé, à occuper le territoire social. Et je ne dis pas ça parce que j'ai envie de porter intégralement toute la collection.

Une bande-son incroyable signée Michel Gaubert fait partir une fusée : nous sommes a Baïkonour et les pantalons de vinyle noir aux jambes larges aux hanches étroites se portent avec des duffle-coat en poils de chameau ultra courts. La collection fait éclater les couleurs, maille violette à torsade, macintosh rouge sang. Et les matières ? A côté des draps de laine irréprochables, le néoprène, en rose, en beige, ou en violet, gagne blousons et parkas et donne de la précision à des silhouettes épurées, fermées que d'un seul bouton de duffle-coat bijou ou une ceinture métallisée. Les pulls jacquard de sport d'hiver sont revisités en maille fine, étroits et longs pour la ville. Une des plus belles collections de la saison, portée par des garçons ravissants, dont les cheveux crantés montent vers le ciel

Paquita Paquin