A tout juste 36 ans, Najat Vallaud-Belkacem prend les rênes d'un des plus gros ministères, l'Education Nationale, chargé de quelques 12 millions d'élèves et de 800 000 enseignants. Au-delà de cette nomination historique (elle est la première femme à ce poste), c'est l'ascension express de cette figure politique qui surprend.
Benjamine du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem peut aujourd'hui se vanter d'en occuper l'un des postes les plus prestigieux. Nommée ministre de l'Education, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche le mardi 26 août, elle est aussi la première femme dans l'histoire de la République française à avoir jamais occupé ce ministère.
Elle coiffe ainsi au poteau Ségolène Royal, son ancien mentor, qui en a longtemps rêvé. C'est pourtant à ses côtés qu'elle a débuté la politique, il y a douze ans même si rien ne l'y prédestinait.
Najat Vallaud-Belkacem, l'histoire d'une "intégration heureuse"
Née au Maroc, Najat Vallaud-Belkacem a grandi dans une famille de sept enfants. A 5 ans, elle quitte le village de Beni Chiker et ses paysages arides pour la Picardie, où elle suit un père immigré ouvrier dans le bâtiment. C'est là le début d'une "intégration heureuse", comme elle l'évoque dans les médias. Bonne élève, diplômée de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris en 2000, elle rate par deux fois le concours de l'ENA, mais y rencontrera son futur mari, Boris Vallaud.
Son engagement politique, c'est à 24 ans qu'elle le prend, suite au choc provoqué par le 21 avril 2002 et l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour des présidentielles. Inscrite au Parti Socialiste, elle se fait rapidement remarquer et devient porte-parole de Ségolène Royal en 2007. Ses thèmes de prédilection : la lutte contre les discriminations, l'accès à l'emploi et au logement.
Porte-parole de François Hollande lors de la campagne de 2012, elle devient à 33 ans la plus jeune ministre du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, décrochant le portefeuille des Droits des Femmes. Une fonction enrichie en avril 2014 avec le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports (qui lui a donné l'occasion d'échanger quelques balles avec Tony Parker).
La première femme ministre de l'Education
A quelques jours de la rentrée scolaire, Najat Vallaud-Belkacem récupère le fauteuil de Benoît Hamon, parti en claquant la porte comme la frondeuse Aurélie Filippetti. Un véritable défi pour cette maman de jumeaux (Louis et Nour, nés en 2008) qui n'a jamais enseigné.
Surtout, ses prises de position en faveur de l'égalité et de la lutte contre les stéréotypes à l'école lui a valu la défiance d'une frange de la société, opposée au mariage pour tous et à ses "ABCD de l'Egalité". Douée pour la communication et très attachée aux questions sociétales, Najat Vallaud-Belkacem va devoir une fois encore convaincre.
Or, si sa loi contre le harcèlement sexuel est passée et si le mariage homosexuel a été voté, il va lui falloir rassurer enseignants comme parents, et tenir les promesses faites par la gauche (parmi lesquels quelques 60 000 nouveaux postes dans l'enseignement). Un gros challenge pour une jeune femme (source d'inspiration pour Laetitia Casta) qui affiche déjà un sacré pedigree.
