
Après Najat Vallaud-Belkacem, c'est au tour d'une autre trentenaire de prendre les commandes d'un grand ministère. Et non des moindres puisque Myriam El Khomri est désormais ministre du Travail. Mais qui est cette jeune femme qui connaît une ascension fulgurante ?
François Rebsamen devant reprendre la fonction de maire de Dijon, le poste de ministre du Travail était vacant. Jusqu'à aujourd'hui. Le gouvernement a en effet annoncé la nomination de Myriam El Khomri a ce poste clef, "la bataille de l'emploi" étant l'une des priorités de François Hollande.
C'est donc à une femme de 37 ans qu'a été confiée cette mission. Un joli pied-de-nez aux vieux mérous de la politique qui risquent de ne pas voir d'un très bon oeil cette nomination. Jeune, maman et franco-marocaine, Myriam El Khomri incarne sans nul doute un nouveau visage de la politique française.
Son frère, Karim, avait vu juste : "Je la vois assez bien en ministre, mais à la télé, ça va être dur pour les autres. Elle n'aura pas peur de les moucher !" (France Afrique)
Une bosseuse qui a enchaîné les petits boulots
Femme de caractère, elle est un exemple de "self made woman". Et sa mère y a participé. "Ma mère m'a appris à ne compter que sur moi". Née à Tanger d'une mère bretonne et d'un père marocain, elle y a passé les neuf premières années de sa vie et une enfance qu'elle qualifie de "fabuleuse".
Puis, la famille est partie s'installer en France. Là, la jeune fille s'est montrée bonne élève. Déléguée de classe, elle a même représenté ses camarades au Conseil général des jeunes de Gironde.
Boursière, Myriam El Khomri a ensuite fait des études en droit public, à Bordeaux puis à Paris, enchaînant les petits boulots pour financer ses cours : baby-sitter, hôtesse d'accueil, travailleuse agricole.
Une fois diplômée, elle provoque le destin en envoyant des lettres de motivation à trois personnalités politiques. Parmi elles, Claude Bartolone, qui lui propose un stage à la délégation interministérielle à la ville. Ses débuts en politique. Quelque temps plus tard, elle devient la collaboratrice d'Annick Lepetit, alors maire du 18e arrondissement de Paris, et travaille sur les questions de prévention, de sécurité et de toxicomanie.
Ses collaborateurs d'alors vantent sa force de travail et sa présence sur le terrain. Une expérience formatrice pour cette maman de deux enfants. "Je me suis occupée des toxicos, des enfants de l'ASE, des mineurs isolés étrangers, des pauvres, des délinquants. Je connais le mécanisme de la misère de tous les fracassés", cite L'Obs.
Franche et adepte de la transparence, elle n'a aucun problème à évoquer son salaire (7 900 euros bruts) et son patrimoine immobilier inexistant. Le 27 août 2014, cette bosseuse fait son entrée au gouvernement comme secrétaire d'Etat chargée de la Ville. Un an plus tard, la voilà à la tête de l'un des ministères majeurs de l'équipe de Manuel Valls.
La bataille de l'emploi, c'est d'abord dans les banlieues qu'elle souhaite la mener, pour réconcilier une partie de la jeunesse avec la société. Le chantier est énorme pour Myriam El Khomri.
Il faudra aussi à Myriam El Khomri affronter les remarques sexistes et racistes qui ne manquent pas de fuser à l'encontre des femmes politiques. Mais la dame à de la répartie.
Interviewée par Europe 1 sur son couple mixte avec un certain Loïc, informaticien originaire du Médoc, elle a offert une réponse ne manquant pas d'esprit : "En effet, je suis à moitié bretonne et mon mari est médocain."