
L'industrie de la beauté l'a bien compris : miser sur la femme noire est primordial en 2016. Après des années passées en périphérie des innovations beauté, elle est devenue un incontournable dans la représentation cosmétique. Un bouleversement que personne n'a vu venir.
Ô, joie ! Taraji P. Henson a annoncé, en début de semaine, sa collaboration avec MAC Cosmetics. Dans le communiqué de presse annonçant la nouvelle, le géant du make-up loue l'aura de star et le charisme de l'actrice. Des raisons tout à fait recevables auxquelles on veut bien croire, mais le choix d'une femme noire de 45 ans en dit encore davantage quant à la quête de diversité de la marque. On ne peut que s'en réjouir tant cette femme s'est sentie, depuis des années, délaissée par les instances de beauté.
Taraji n'est pas la première actrice de couleur à s'allier à une marque de cosmétique. L'année dernière, Kerry Washington, pilier du petit écran américain, annonçait son partenariat avec le label Neutrogena. Une collaboration qui avait créé un choc, la marque proposant plus généralement un panel de produits destinés à des femmes blanches... Au sein de la communauté noire, ce coup d'éclat avait également fait grand bruit : les détracteurs de l'actrice ne se doutaient pas qu'en interne, Kerry luttait pour un élargissement de l'éventail des teintes de maquillage proposées la marque. Aujourd'hui, Neutrogena a à son actif quatre nuances de fond de teint pour peaux noires. Une proposition qui peut sembler minime comparée aux gammes, pléthoriques, proposées aux peaux claires, mais l'effort est là. Une collaboration, en somme, nécessaire. N'est-il pas grand temps que la femme noire, qui dépense deux fois plus qu'une autre en produits de beauté, soit satisfaite comme il se doit ?
Maquillage et femmes noires : l'amour vache
"Les firmes cosmétiques ne savent pas encore bien s'adresser aux femmes noires parce que c'est un secteur qu'elles ne connaissent pas. Il faudrait intégrer plus de personnes qui savent s'adresser à elles". Fatou N'diaye
Il y encore deux ans, les femmes noires se sentaient ignorées et marginalisées par l'industrie de la beauté. Elles vous le diront toutes : trouver un fond de teint qui s'accorde parfaitement à leur type de peau est un calvaire. Leurs dermes ont des spécificités que d'autres ne connaissent pas, spécificités que les grandes marques de maquillage ont régulièrement choisi d'ignorer par le passé. Exemple flagrant avec le nude dans sa version dark : cette couleur qui doit en principe s'allier au grain de peau n'existe que dans des couleurs pales.
Quand les marques font l'effort d'élargir leur gamme, elles n'ont en tête que la femme métisse. Le débat sur le colorisme pointe alors le bout de son nez - et même si Lancôme ou Guerlain prennent désormais en compte les desideratas de consommatrices.
Une nouvelle ère
En 2016, les grandes marques cosméto comprennent qu'ignorer l'existence de cette clientèle les dessert. Sensibilisées à leur problématique et leur spécificités, elles font appel à des égéries noires et travaillent étroitement avec elles afin de trouver les couleurs justes qui complimentent les peaux les plus sombres. Lancôme a profité de l'aura de Lupita Nyong'o post-Oscar 2014 pour en faire sa représentante. L'Oréal a fait appel non pas à une star mais à une des blogueuses parisiennes les plus influentes, Fatou N'diaye comme ambassadrice.
Des efforts qui annoncent, enfin, une nouvelle ère.
Audrey Likound