
Face aux violences domestiques, l'Australie a décidé de réagir. On a ainsi appris il y a quelques jours que le pays n'accueillerait plus les hommes ayant été accusés de violences sur les femmes et les enfants. Une mesure radicale mais résolument forte qui prouve qu'on ne peut plus, en 2019, fermer les yeux sur cette réalité.
Ce n'est pas nouveau, l'Australie possède une politique d'immigration particulièrement rigide. Et voilà qu'une nouvelle mesure vient d'être mise en place. "L'Australie ne tolère pas les auteurs de violences domestiques", a annoncé David Coleman, le ministre de l'Immigration. Désormais, les hommes étrangers accusés de violences domestiques envers les femmes et les enfants ne sont plus les bienvenus dans le pays. Une mesure mise en place dans le cadre de la lutte contre les violences conjugales.
"Si vous avez été reconnus coupables d'un crime violent contre des femmes ou des enfants, vous n'êtes pas les bienvenus dans ce pays", peut-on lire dans le communiqué. Une mesure mise en vigueur jeudi dernier par le gouvernement australien et qui s'appuie sur la législation existante qui interdisait jusque-là l'entrée aux personnes condamnées à au moins un an de prison pour violences sur les femmes ou enfants. Aujourd'hui, plus aucun seuil de peine minimale ne sera requis.
L'Australie avait déjà refusé d'accorder un visa de séjour au rappeur américain Chris Brown, condamné pour avoir frappé en 2009 la star de pop Rihanna, mais aussi au champion de boxe Floyd Mayweather, condamné à plusieurs reprises pour violences domestiques.
Une décision politique forte qui ne doit pas, pour autant, cacher le problème de violences domestiques, qui touchent aussi l'Australie - et dont les chiffres restent très élevés.
Des chiffres encore très élevés en France
Selon une étude nationale relative aux morts violentes au sein du couple pour l'année 2017 rendue publique fin novembre, 125 personnes sont mortes en 2017, victimes de la violence de leur partenaire ou de leur ex-partenaire de vie (contre 138 en 2016 et 136 en 2015), dont 109 femmes et 16 hommes. Ainsi, une femme meurt tous les 3 jours du fait de la violence de son conjoint ou ex-conjoint.
D'autre part, ce sont 11 enfants qui sont décédés concomitamment à l'homicide de leur père ou de leur mère et 14 enfants ont été tués dans le cadre de violences conjugales sans qu'un parent ne soit tué.
Des chiffres qui pourraient bien subir une hausse pour l'année 2018, les faits de violences sexuelles recensés par les forces de l'ordre dans les sept premiers mois de l'année ayant connus une augmentation de plus de 23%.
Pour sensibiliser à ces violences conjugales et lutter contre l'invisibilisation et l'anonymat de ces femmes qui meurent sous les coups de leurs conjoints ou ex-conjoints, le mouvement "Nous Toutes" recense chacun de ces décès en donnant une identité à ces victimes. Une démarche qui laisse un goût amer mais qui est terriblement nécessaire.
Selon un sondage sur les inégalités hommes/femmes récemment publié et réalisé par la Fondation des femmes, 57% des Français.e.s considèrent que la priorité va à la lutte contre les violences conjugales contre 33% qui pensent que la priorité va à l'égalité salariale. On comprend que l'urgence est là. Autant d'axes de travail et de lutte qui sont donnés au gouvernement à la veille de ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes.