Hollywood souffrirait d'une phobie toute particulière : les cheveux blancs. Mais seulement sur la tête des femmes. Comme c'est étonnant (ou pas). Alors que les cheveux "poivre et sel" de George Clooney semblent être un sujet d'extase, il en va tout autrement pour ses homologues féminines. Ainsi les cinéastes seraient encore proches de l'évanouissement devant quelques cheveux blancs, comme l'a avoué Catherine Zeta-Jones dans une interview.

L'actrice de 49 ans qui est promotion pour la série "Queen America", disponible sur le service de streaming Facebook Watch, a ainsi décidé d'être très honnête sur les coulisses d'Hollywood. A l'heure où de nombreuses femmes, à l'instar de Sophie Fontanel côté français, se battent pour que les cheveux blancs ne soient plus vus comme faisant "négligé" et contre l'injonction au recours à la coloration, le cinéma américain continue de faire de la résistance. A In Style Catherine Zeta-Jones déclare :

"Ce milieu est difficile, particulièrement pour les femmes. Nous ne pouvons certainement pas afficher quelques cheveux gris. Rien n'a changé. Nous pouvons prétendre que c'est le cas, mais non, ce n'est pas le cas. Les médias web aussi continuent également de vouloir 'les cacher', les rendre 'plus beaux' et les rendre 'moins négligés'. 'Queen America' aborde justement tout ça"

Cette série s'attelle ainsi à dépeindre un tableau satirique des concours de beauté. Un sujet de critiques inépuisable, en témoigne la sortie récente de "Dumplin'" sur Netflix qui traite de la même problématique.

La vieillesse féminine est-elle repoussante ?

Spoiler alert : bien sûr que non. En revanche, le fait de dévaloriser la vieillesse chez les femmes est, sans surprise, une pratique sexiste. Sur ce point, ce qu'on observe dans le cinéma hollywoodien est représentatif de la manière de penser de la société.

"Le modèle 'homme âgé-jeune femme' est une légitimation à l'écran d'une pratique sociale fréquente, qui voit les hommes 'évacuer' les femmes de leur âge. Les acteurs hommes bénéficient d'un privilège double : ils sont plus visibles et ont des carrières très longues. Même si le phénomène s'est un peu atténué, le principe reste le même : les femmes ne sont regardables que jusqu'à 30 ans. A la femme revient la notion de désir, à l'homme celles du rôle social et de la réussite professionnelle, donc de l'âge. Au cinéma, les hommes ont le droit de vieillir, pas les femmes", déclarait, en 2013, Geneviève Sellier, professeure et chercheuse à l'université Bordeaux 3-Montaigne et co-auteure de "La Drôle de Guerre des sexes du cinéma français".

Force est de constater qu'on a complètement intégré l'invisibilisation des femmes passé 50 ans. En effet, si on suit le raisonnement, la ménopause qui enlève à la femme sa capacité de procréation (sa mission principale, comme l'ont longtemps pensé certain.e.s - et encore parfois aujourd'hui...) ne la rend plus séduisante.

De même, la maturité des femmes est une source d'inquiétude pour les hommes. Loin de la jeune première ingénue et fragile - dont raffole le cinéma - la femme vieillissante est puissante et cela déplaît. L'Histoire nous le prouve avec les chasses aux sorcières, qui ne sont que les stigmates d'une société patriarcale où la femme ne doit pas sortir du cadre qu'on lui a donné et encore moins prendre trop de place. Un sujet très bien traité par Mona Chollet dans son essai "Sorcières, la puissance invaincue des femmes".