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Le rose pour les filles et le bleu pour les garçons, ça vient d'où ?

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C'est l'un des symbôles les plus caricaturaux des stéréotypes de genre : "le rose, c'est pour les filles, le bleu pour les garçons". Un cliché gros comme une maison dont il est bon de connaître l'origine pour mieux le pulvériser. Par ici la petite leçon d'Histoire. 

On le sait, les clichés ont la peau dure. Et on croit parfois à tort qu'ils remontent à la nuit des temps. Prenons un exemple qui pourrait sembler léger voire anecdotique et qui pourtant est bien ancré dans les esprits : le rose est "girly", le bleu pour les petits gars. Et voilà comment la dichotomie chromatique se retrouve partout, des rayons jouets des grands magasins à ceux des enseignes d'habillement pour enfants. Et infuse chez des êtres qui, devenus adultes, peinent souvent à s'en défaire - bien des hommes rechignant à enfiler un sweat rose pastel, trop "nana".

Pour mieux déconstruire les stéréotypes, il faut les comprendre, et pour cela retracer leurs origines. Alors on s'est demandé d'où remontait l'idée selon laquelle le rose était la couleur du "féminin", le bleu du "masculin". Et on a eu droit à quelques surprises.

Si on lit de-ci de-là que le bleu était, dans l'Antiquité grecque, rattaché au ciel et aux dieux, il semble en réalité que le terme lui-même n'existait pas encore. C'est au Moyen Âge qu'il a véritablement connu son essor, comme le raconte Michel Pastoureau dans "Bleu, histoire d'une couleur". La théologie en fait alors la couleur de la lumière divine, et par là, celle des personnes divines, à l'image de la Vierge Marie. Une nuance qui prévaut chez les filles, en signe de pureté.

Dérivé du rouge, le rose connaît lui aussi le début d'une histoire bien différente. Couleur forte, il s'appose sur les bas de chausse des chevaliers et, au fil des siècles, se repère sur les personnages les plus illustres, tel que le roi Henri IV peint en dieu Mars par Jacob Bunel au 16e siècle.

La robe, aujourd'hui encore attribuée au genre féminin, est alors l'habit des enfants des deux sexes, et ce jusqu'à l'âge de 6 ans.

Au 18e siècle, on attribue la popularisation du rose - pour les filles cette fois - à la marquise de Pompadour, qui s'étant entichée de cette couleur, l'aurait rendue à la mode dans l'habillement mais aussi en décoration. Mais malgré ces préférences au fil des âges, la nette distinction garçon/fille à travers la couleur des vêtements est une construction bien plus récente. Et elle a été longtemps l'inverse de celle qu'on connaît aujourd'hui.

Ainsi, la lecture de l'américain Ladie's Home Journal du mois de juin 1918 faisait état d'un temps tout autre : "Le sujet est source de débat, mais la règle communément acceptée est que le rose est pour les garçons et le bleu pour les filles. La raison en est que le rose, couleur beaucoup plus forte et soutenue, va mieux aux garçons, alors que le bleu, qui est plus délicat et subtil, est plus joli sur les filles."

Le tournant des années 50 et la naissance de la société de consommation

Pour Jo B. Paoletti, ancienne enseignante de l'Université du Maryland et autrice de "Pink and Blue : Telling the Boys from the Girls in America", "Plus on individualise le vêtement, plus on le vend". Distinguer les genres en leur attribuant des couleurs (mais aussi des motifs et slogans) de vêtements différentes permet de multiplier les marchés. Et d'engranger les profits. Car en s'assurant que les habits de Mathéo, trop "garçon", ne pourront pas se refiler à Zoé, sa petite soeur, on fait en sorte que des générations de parents se voient contraintes de racheter des affaires à gogo.

Aux États-Unis, nombreux sont ceux à faire état du processus de "pinkification" des filles. Loin de se limiter à une simple histoire de couleur, le phénomène se caractérise par l'assignation de "qualités" et d'un rôle bien définis pour chaque genre. Les filles seront donc girly, joueront à la poupée ou à la maman et développeront des traits de caractère tels que la douceur et la grâce. Les garçons, en revanche, feront la guerre, joueront aux voitures ou aux robots, le tout vêtus dans des coloris où le bleu est omniprésent.

Quand bien même on essayerait de se détacher de la dichotomie rose/bleu, le mal est fait, les stéréotypes de genre bien en place. Un "gender apartheid" dont se saisissent régulièrement les réseaux sociaux, comme ça a été le cas à l'encontre de Hamleys, l'un des plus célèbres magasins de jouets au monde, situé à Londres, accusé sur Twitter de faire perpétuer cette ségrégation.

Toujours au Royaume-Uni, des campagnes telle que "PinkStinks" ont été lancées afin de démonter pas à pas ces stéréotypes pour "offrir des modèles féminins moins stéréotypés aux filles". On citera aussi l'exemple d'Alice Jacob, cette petite Américaine qui, à 5 ans, a souhaité adresser une lettre au PDG de Gap, Jeff Kirwan, dans laquelle elle s'est plainte de l'omniprésence du rose dans les rayons des magasins, plaidant pour "la fin du rayon garçons ou filles" au profit d'un simple "rayon 'enfants'". Car, comme sa mère Beth a pu l'écrire dans une tribune publiée par le Washington Post, "toutes les filles n'ont pas envie de poneys ou de rose". Et des garçons pourraient bien avoir envie de porter du rose ou de jouer à la Barbie.

Sortir de ce jeu de contraste simpliste, c'est finalement offrir plus de possibilités à chacun.e et laisser les enfants s'émanciper, quel que soit leur genre. Avec à la clé, des adultes à l'esprit plus ouvert et moins lestés de clichés dont ils auront plus tard à se débarrasser.

C'est d'ailleurs la bataille menée par des marques et militantes féministes qui se réapproprient le rose en lui redonnant sa symbolique de puissance et de force d'autrefois. Rose, pourquoi pas. Mais badass.

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