Le nude est la teinte zéro, celle qui s'apparente à la chair. Pourtant, il s'est bien trop longtemps cantonné à la peau claire. Un temps visiblement révolu alors que les marques lui taillent une nouvelle définition. A la manière du panel riche de couleurs qui a fait le succès d'United Colors of Benetton, le nude se réinvente.
En 2016, on célèbre la diversité. D'abord sur les podiums les plus prestigieux où les mannequins métis se sont fait rois, c'est maintenant le nude qui se redéfinit. Aujourd'hui marques en tout genre s'émancipent d'un modèle de beauté pour en construire un autre. La fin d'une ère, le début d'une autre.
La mode révolutionne le "nude"
A la manière de Benetton qui, en 1965, lançait son concept de pulls déclinés en pas moins de quarante-huit teintes, en 2016 c'est le nude qui est passé au crible. Longtemps associé au beige et autre rosé en tout genre, il s'enrichit e nouvelles teintes.
C'est une marque américaine du nom de Naja qui secoue le monde du sous-vêtement et crée sa gamme de lingerie "Nude for all", conçue pour toutes les carnations. Le résultat ? Sept teintes de "nude" différentes qui se dénichent sur leur e-shop. Tout comme Benetton marque les esprits en 1982, en prônant la diversité dans ses campagnes de publicité, Naja utilise la même recette. A ceci près que si des femmes aux couleurs de peau variées posent face à l'objectif, aucune d'elles n'est mannequin.
Mais la marque éthique montée par Catalina Girald et qui collabore avec Gina Rodriguez (actrice de série montante pour son rôle dans "Jane The Virgin") n'est pas la première sur ce terrain. Comptant parmi les précurseurs de ce mouvement Christian Louboutin et sa collection de chaussures pour tous les types de peau qui propose également sept teintes.
En avance sur tout le monde, le créateur à la semelle rouge lance sa collection de ballerines nude en 2013 et affiche clairement sa volonté de satisfaire les "femmes du monde entier".
Un appel à la diversité qui se propage
De son côté, le danseur étoile du Royal Ballet de Londres, Eric Underwood a décidé de combattre le conservatisme de son domaine de prédilection en interpellant les marques d'équipements de danse Bloch, Grishko ou encore Sansha. Son but ? Faire réagir et voir apparaître un choix de chaussons plus large, adaptés pour les danseurs noirs. Son appel lancé sur Instagram aura un écho favorable puisque Bloch acceptera de collaborer avec le danseur classique pour une collection de ballerines.
Pour la créatrice de la marque Naja, c'est aussi grâce au sport que se fait le déclic. Interrogée par le site du ELLE américain, elle confie que c'est en voyant la gymnaste Gabrielle Douglas arborer des chaussons dits "nude" mais loin de matcher avec sa couleur de peau aux JO de Londres en 2012, qu'elle se rend compte du problème. Quatre ans plus tard, Catalina Girald donne sa réponse.
Les Oscars 2016, jugés trop "blancs", semblaient bien être la première étape de cette révolution qui s'étend jusque dans la mode. Le podium de la collection H&M Studio en était la parfaite illustration et mettait l'accent sur la femme dans toute sa diversité. Un sursaut qui se fait à l'heure où l'importance de pouvoir s'identifier dans les campagnes de publicité est capitale et où la variété est fièrement revendiquée. Une tendance qui ne cesse d'ailleurs de gagner du terrain.
H. F-G
