En plus d'être régulièrement critiquées sur leur poids, entre autres choses, les artistes féminines doivent également faire face à de violentes attaques lorsqu'elles deviennent mères. Elles sont ainsi la cible d'attaques éminemment sexistes, qui s'apparentent bien souvent à du slut-shaming, tandis que certain.e.s remettent en doute leur capacité à élever correctement leurs enfants.

Le "mom shaming" ou le mythe de la "mauvaise mère"

Dans l'inconscient collectif, il est difficile de concilier la femme et la mère. Un phénomène aussi appelé le syndrome de "la Madone et la putain". Si bien que lorsqu'une jeune maman se montre en femme sensuelle, sa capacité à être mère est durement remise en cause. C'est exactement ce qui est arrivé à l'influenceuse Chiara Ferragni - créatrice du blog The Blond Salad - ce week-end. Elle a été victime d'une vague de slut-shaming après qu'elle ait posté une photo d'elle portant une jupe jugée "trop sexy".

Ce qui ressort le plus dans les commentaires ? Le fait que cette tenue soit "inappropriée pour une jeune maman". Un jugement à l'emporte-pièce et très inquiétant pour l'image de la femme. Car à aucun moment une mère est inapte à élever un enfant si elle est une femme qui vit sa sensualité pleinement.

Chiara Ferragni n'est bien sûr pas la seule a avoir subi ce genre d'attaques. Kim Kardashian est régulièrement critiquée pour sa "vulgarité" non conforme à son rôle de mère. Ses tenues sexy sont ainsi souvent commentées et seraient la preuve qu'elle est une mauvaise mère.

Et quand ce n'est pas l'apparence qui est la cible des attaques, ce sont les faits et gestes des mères stars qui sont étudiés par des internautes qui croient tout savoir de leur vie sous prétexte de l'over-médiatisation favorisée par les réseaux sociaux.

Ainsi le fait que Kim ait lissé les cheveux de sa fille North a scandalisé la Toile, montrant des internautes pire qu'une belle-famille durant un repas de Noël, donnant leur avis sur une décision qui ne les regarde aucunement.

De son côté, l'influenceuse française Caroline Receveur a, elle, été vivement critiquée pour s'être rendue au festival Lollapalooza le mois dernier, et posté des photos avec ses amis. L'occasion pour les haters de faire leur apparition, reprochant à la jeune maman de sortir "au lieu de s'occuper de son bébé".

Elle avait dû ainsi remettre les pendules à l'heure dans l'une de ses story : "Pour être totalement transparente, toute personne qui m'enverra ce genre de message de m**** ou critiques au sujet de mon rôle de maman sera tout simplement bloquée de mon compte Instagram. Ras le bol des relous qui s'ennuient et passent leur temps à pourrir les insta des autres. Occupez-vous de vos vies, de vos enfants !"

Il semble pourtant aberrant qu'il faille en arriver-là pour faire cesser ce "mom shaming" inexcusable.

Un poids de plus sur les épaules des mères

Souvent éprouvées par la dépression post-partum, alors même que les problèmes de grossesse restent un grand tabou, les mamans stars (et plus largement les mamans) souffrent également des critiques sur leur manière d'élever leurs enfants. Un phénomène qui à l'ère des réseaux sociaux touchent toutes les femmes.

Les influenceuses sont, bien sûr, particulièrement exposées à ce phénomène, surtout lorsqu'elles ont de nombreux abonnés sur Instagram. Le fait que certaines décident de dévoiler le visage de leur bébé est ainsi régulièrement critiqué et elles sont souvent pointées du doigt pour utiliser leurs enfants comme un "objet marketing".

Comme le "shaming" en général, le "mom shaming" se heurte à une incohérence majeure. On exige ainsi des mères qui se soucient de leur apparence et qui peuvent apparaître sexy qu'elles se couvrent, tandis qu'on exige de celles qui se "laisseraient aller" qu'elles prennent soin d'elles. Encore une fois, le corps féminin se trouve mis à mal et n'est jamais assez bien.

Car il ne faut pas se voiler la face : le "mom shaming", qu'il soit pratiqué par des hommes ou des femmes, n'est ni plus ni moins qu'un phénomène sexiste et n'a rien de bienveillant.

Héloïse Famié-Galtier