De passage au festival Lollapalooza à Paris pour le week-end, le constat semble sans appel. Alors que les festivals s'étaient érigés comme le lieu de toutes les excentricités mode et les expérimentations audacieuses, rien ne va plus. Et si la fin avait sonné pour le look de festival ?
Mini-séisme dans la fashion sphère : en avril, le Vogue américain (bible fashion de la papesse mode Anna Wintour) se décidait à ne pas publier sur son site les clichés streetstyle du festival californien Coachella, pourtant proclamé comme summum du cool, lieu de naissance du "style festoch" comme on le connait. Dans une tribune, la journaliste Chioma Mnadi déplorait le "manque d'imagination déprimant", avant d'asséner que "le style Coachella est bel et bien mort".
De quoi inquiéter pour la saison des festivals à venir. Et l'édition parisienne de Lollapalooza semble confirmer le phénomène... Sur place pour shooter les meilleurs looks (et voir Dua Lipa, il faut bien l'avouer), nous devons reconnaître rapidement la difficulté d'en trouver assez pour produire un article.
Vers la fin du look de festival ?
La foule est pourtant impressionnante, massée devant les scènes pour Depeche Mode, Travis Scott ou Zara Larrson. Une diversité dans la programmation qui laisse présager de la pluralité dans la sape. Pourtant, force est de constater que dans la foule hétéroclite, peu ont osé.
De la chemise hawaïenne au t-shirt de groupe en passant par l'imprimé fleuri, les basiques de l'été se multiplient sans grande ambition mode. Le style est simple, sans superflu ni l'extravagance qu'on a pris l'habitude de voir lors de tels événements.
Quant à ceux qui ont voulu opter pour le look en bonne et due forme, peu parviennent à aiguiser l'excitation d'une fashionista tant les recettes semblent épuisées. Du top en crochet au maquillage glitter, le menu semble le même que les années précédentes.
C'est un air de "déja vu" qui souffle sur les tenues des festivaliers, qui fait se demander si la tenue de festival n'est pas devenue un package fixe usé jusqu'à la moelle, et non plus une occasion d'oser les tendances sans retenue. Au loin, on aperçoit même une coiffe d'indien sur la tête d'un hipster, comme à l'époque de l'émergence du style festival il y a quelques années, poussant à se demander si le jeune homme est complètement passé à côté du débat sur l'appropriation culturelle ou s'il est simplement stupide.
Dans la quête aux likes, tous et toutes semblent avoir sorti l'attirail attendu. C'est à celui ou celle qui copiera parfaitement l'idée du cliché de festival attendu sur Instagram. Étrangement, face à une débauche de maquillages sortis tout droit d'un tuto Youtube, on les comprend mieux, ces festivaliers habillés normalement, venus simplement pour la musique.
Et si les festivals redevenaient enfin le lieu des amoureux des concerts ?
Clément Laré
