A 33 ans, Kim Chapiron a mûri. Aujourd'hui père de famille, le compagnon de Ludivine Sagnier a pourtant conservé quelque chose de l'adolescent qu'il était. Dans ses traits juvéniles. Dans son cinéma aussi.

Fils du graphiste Kiki Picasso, il croise souvent son voisin du dessus, alias Mathieu Kassovitz. "Dès 6 ans, j'ai cotoyé Mathieu et Vincent (Cassel) tous les jours", a-t-il confié à Paris Match. "Les voir évoluer, voir "La Haine" et "Métisse" se tourner a été un sacré coup de massue (...). C'est eux qui m'ont donné envie de faire ce métier".

A tout juste 15 ans, il fonde "Kourtrajmé" avec Romain Gavras (fils de Costa), un collectif qui a pour but de réveiller le cinéma français avec pour devise "Seigneur, ne lui pardonnez pas car il sait ce qu'il fait". "Le Paradoxe Perdu", dans lequel ils sont seuls à jouer en est l'acte fondateur. Au total, il tourne une vingtaine de courts-métrages, avant "Sheitan", son premier film, avec Vincent Cassel (qu'on a récemment vu dans "La Belle et la Bête") et Leïla Bekhti (pas encore ambassadrice L'Oréal Paris à l'époque).

Le film fait le tour des festivals internationaux. Quatre ans plus tard, il renouvelle l'expérience avec "Dog Pound", qui dépeint le quotidien de 3 mineurs dans une prison du Montana. Un long-métrage que Kim Chapiron a voulu au plus près de la réalité, visitant plusieurs établissements pénitentiaires en amont.

En 2010, il reçoit le prix du Meilleur nouveau réalisateur au Festival de Tribeca. Aujourd'hui, Kim Chapiron change de registre avec "La crème de la crème", qui sort en salles et nous plonge au coeur d'une prestigieuse école de commerce française. "Mon but, ce n'était pas de parler du côté immoral de ces écoles (...), ce qui me fascinait, c'était l'histoire d'amour dans ce contexte là", a-t-il expliqué à Premiere.

"Dans ces boites, on leur apprend à dominer l'autre, mais quand ils prennent les sentiments dans la gueule, ça fait mal (...). Du coup, raconter une histoire d'amour dans cet environnement devenait génial. C'était un défi."

Au casting, Alice Isaaz, nouveau visage du cinéma français. Dans "La crème de la crème", il est aussi question de réseau de prostitution et de rapports sociaux marchands. "Certes, je suis passé de l'autre côté puisque j'ai aujourd'hui des enfants et une vie de famille mais j'ai l'impression d'être toujours concerné par les peurs de cette génération".

Son prochain film, lui, parlera de la famille. Et lui donnera peut-être l'occasion de faire tourner sa compagne, la fashionista Ludivine Sagnier.