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L'hyper-sexualisation des femmes qui ne portent plus de soutien-gorge

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Depuis quelques années, de plus en plus femmes optent pour le "No Bra" (le fait de ne plus vouloir porter de soutien-gorge). Par confort ou engagement féministe, cette démarche crée encore le débat, alors que c'est finalement une décision très personnelle. Et la poitrine, une partie du corps comme une autre. Une idée qui ne semble pourtant pas logique à l'esprit de certain.e.s, qui continuent de promouvoir les diktats et de critiquer violemment celles qui tentent de s'en détacher. Décryptage.

On le sait, le corps féminin est un sujet de discussion perpétuel, aux dépens des femmes elles-mêmes, que ce soit à travers les diktats que le jugement de certain.e.s. Il est ainsi bien difficile pour elles de se l'approprier et d'arriver à l'acceptation de soi. Quant à celles qui voudraient marcher à contre-courant, elles sont immédiatement épinglées sur la place publique. La preuve récemment alors qu'Emily Ratajkowski a été durement jugée car elle ne portait pas de soutien-gorge lors d'une manifestation contre Brett Kavanaugh, en octobre dernier.

L'apparence comme seul attrait des femmes

Le refus du soutien-gorge a longtemps été associé à une revendication féministe, car la légende raconte que dans les années 70, des militantes les brûlaient (une information démentie depuis). En 2018, ce refus concerne de nombreuses femmes, qui le font pour différentes saisons. Certaines combattent farouchement l'image des seins hauts, ronds et fermes érigés en "goal" absolu dans les années 2000, quand d'autres veulent tout simplement ne plus subir la sensation d'inconfort procurée par le soutien-gorge, sorte de corset moderne.

Le fait que les femmes doivent se battre pour faire accepter l'abandon du soutien-gorge - détail insignifiant, quand on y pense - en dit long sur le manque de liberté auquel elles doivent faire face avec leur corps. D'ailleurs, l'histoire d'Emily Ratajkowski nous rappelle bien qu'encore en 2018, et quoi qu'elles fassent, les femmes sont jugées en premier lieu sur leur apparence.

Pour rappel des faits, celle-ci avait défilé, en octobre 2018, contre Brett Kavanaugh (juge conservateur nommé à la Cour suprême, alors même qu'il est accusé d'agressions sexuelles par deux femmes) avant d'être arrêtée avec plusieurs autres manifestants par les forces de l'ordre. Mais au lieu de parler de son engagement, c'est ce qu'elle portait - ou ne portait pas - qui a créé la polémique. En effet, Emily Ratajkowski ne portait pas de soutien-gorge sous son haut blanc ce jour-là. Pour certains, le fait d'opter pour le "no bra" ne la rendrait pas légitime à se faire entendre ,voire la décrédibiliserait. Et nous, on ne voit pas bien le rapport.

Obligée de s'expliquer, la mannequin et actrice déclarait ainsi il y a peu au magazine Stellar : "Je savais qu'être là était important, et que des gens trouveraient ça subversif, mais je ne me doutais pas que des gens allaient commenter le fait que je ne portais pas de soutien-gorge sous mon débardeur". Ajoutant : "Il faisait 32°C, je marchais à Washington en jeans, ma tenue me semblait complètement normale. Et j'étais là pour une raison politique. Pourquoi les gens se focalisent-ils sur ce que je porte ?". Très bonne question.

Cachez ces tétons que je ne saurais voir

Car c'est là qu'intervient l'hyper-sexualisation. En effet, apercevoir un téton féminin sous un haut ne serait ainsi "pas professionnel". Il n'y qu'à voir le sort qui a été réservé à la présentatrice du JT de TF1, Anne-Claire Coudray, lorsqu'en 2013 on avait aperçu ses tétons sous sa robe en simili-cuir : celle-ci avait dû s'excuser publiquement d'un "mauvais choix de vêtements". De même, une femme qui se montrerait sexy sur les réseaux sociaux, à l'image d'Emily Ratajkowski, serait ainsi incapable d'avoir des opinions politiques, à en croire certains. Si ce n'est pas réduire le corps féminin à un objet de désir, on ne sait pas ce que c'est.

D'ailleurs, n'est-ce pas les tétons féminins qui sont farouchement censurés par Instagram et plus généralement sur les réseaux sociaux ? Que l'on sache, on ne fait pas tant de tapage pour des tétons d'homme. On dit ça, on dit rien.

Les tétons féminins visibles seraient ainsi inconvenants lorsqu'il s'agit des femmes, peut-être parce qu'ils symbolisent l'excitation dans les films pornographiques. C'est bien ce raccourci que veut combattre le mouvement "no bra" ou encore "free the nipple", désirant débarrasser la poitrine de la charge érotique que la société fait peser sur elle.

Quant à celles qui osent sauter le pas, elles rencontrent la menace du "tu vas avoir les seins qui tombent" autrement appelé les "seins gant de toilettes". La preuve que le soutien-gorge est "une injonction muette", comme le désigne l'autrice féministe Mylène Flycka, "Une dictature douce mais implacable, où les avertissements sont faits de remarques désagréables et déplacées, et la sanction est faite d'une dévalorisation du sujet".


Héloïse Famié-Galtier

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