C'est une maladie qui touche une personne sur 20 en France et contre laquelle on peine à trouver des solutions. Sylvie Méliet, qui en est atteinte depuis 30 ans, a trouvé un produit miraculeux : l'huile de carapa. Et elle s'est envolée jusqu'en Guinée pour faire découvrir au monde cet ingrédient méconnu aux mille vertus. Rencontre.
"Je trouve que j'ai une chance folle. Je ne me voyais jamais cheffe d'entreprise. C'est arrivé à cause d'une maladie qui m'a pourri la vie pendant 30 ans." Quand Sylvie Méliet se met à nous raconter son aventure entrepreneuriale, il faut avouer qu'on n'est pas au bout de nos surprises. Après des années passées à Paris à travailler pour des groupes comme Givenchy, elle a suivi son mari, muté à l'Île Maurice. Et c'est l'envie d'y rester qui l'a poussée à trouver "une idée de boite".
"Une amie guinéenne résidant à Maurice m'avait fait découvrir un produit pour enlever mes traces de psoriasis. Mon mari m'a dit : 'Bah voilà, tu as trouvé'". Mais mettre la main sur ce soin ultra-efficace n'a pas été de tout repos. "Mon amie en avait ramené de son dernier séjour en Guinée mais n'en avait plus. Je l'ai prévenue : 'Je n'attends pas 6 mois pour en ravoir. Je te paye ton billet d'avion et je t'accompagne sur place pour comprendre comment ça marche." C'était en 2004, le début d'une grande aventure et des Laboratoires Mascareignes.
Pour remettre la main sur le produit exact - un savon - il a fallu beaucoup de recherches sur les marchés et l'aide d'une connaissance sur place. Cette dernière a écumé les étals et mis 2 mois pour mettre la main sur le bon soin. Et naturellement, il était produit dans l'un des villages les plus reculés de Guinée.
"Quand je m'y suis rendue, il nous a fallu parcourir 800 km de piste pour l'atteindre. Je ne savais pas à quoi m'attendre. J'ai rencontré l'imam du village, car tout passe par lui. Je lui ai dit que je voulais travailler avec eux et que je souhaitais créer une association pour aider les femmes, car ce sont elles qui travaillent. Et en dépit de toutes nos différences, il m'a accueillie. Ils n'avaient pas vu de blanc depuis la guerre froide, de femme blanche encore moins. Et pourtant, il m'a dit : 'Aimons-nous les uns les autres.' Et c'est devenu le nom de mon asso - Gnon Kany".
L'huile de Carapa Procera, "l'huile d'argan de demain"
Derrière le produit qui a soigné le psoriasis de Sylvie Méliet se cache un ingrédient méconnu, l'huile de Carapa Procera. Cet arbre endémique de la région pousse à l'état sauvage autour du village. Se sont les noix qui, une fois broyées, donnent une huile aux vertus anti-inflammatoires et régénérantes. Pierre Michel Forget, chercheur au Muséum National d'Histoire Naturelle et spécialiste mondial de cette plante la qualifie "d'huile d'argan de demain".
Aidée de 3 professeurs guinéens d'une université locale, elle fait planter 2 hectares de Carapa Procera près du village (les femmes devaient jusque là parcourir 8 kilomètres à pieds et ramener les noix dans leurs boubous). Sylvie Méliet amène aussi sur place un générateur et une presse à huile, pour mécaniser le pilage des noix. "Il faut savoir que cet arbre est menacé, car son bois sert à la menuiserie. On dit que c'est 'l'arbre roi', car aucun animal ne monte dessus. Et pour cause, son odeur est un puissant répulsif ! C'est pour cela qu'on ne peut utiliser l'huile sous forme liquide, elle est saponifiée pour perdre son odeur."
La Carapa Procera ne fait pas des miracles uniquement sur le psoriasis. Son efficacité (qui s'élève à 94% sur le psoriasis) la classe aujourd'hui parmi les dispositifs médicaux, aussi puissant que la cortisone. Mais elle est également utile contre l'acné, les irritations et démangeaisons du cuir chevelu. "Dans ce soin, on ne trouve que 2 ingrédients, l'huile de Carapa et du potassium. C'est tout. Je voulais les soins les plus concentrés et les plus efficaces possibles, rien d'autre." Son Complexe Régénérateur est fabriqué à l'Île Maurice, ses autres soins (soin anti-acné, shampooing, lait...) dans un laboratoire du sud de la France.
Quatorze ans après avoir lancé sa marque, Sylvie Méliet souhaite planter plus d'arbres, travailler sur une AOC (appellation d'origine contrôlée) et faire connaître cette huile au plus grand nombre. Elle voudrait aussi aider ce village avec lequel elle a tissé des liens, en y construisant une école ou un orphelinat. Et poursuivre cette folle aventure.
