
Ambiance Jours de France et coiffure "Ellnett" chez Jean Paul Gaultier, où Valérie Lemercier, en bourgeoise parisienne ultra speed, arpente le podium en corsage décolleté 60 et jupe droite sur des petits talons fins.
La collection habille une femme très convenable, un peu coincée, une femme du VIe ou du XVIe arrondissement, genre démonstratrice Tupperware, en col roulé beige, pantalon gris, chignon banane et blouse lavallière imprimée. Des imprimés du genre de ce ceux qu'on pouvait voir, hier, à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, au vernissage de l'exposition " la révolution Rive Gauche " (elle date de 1966). La bourge de Gaultier est sans âge, son Régécolor vire au bleu - disons qu'à l'époque, la mode était plutôt de se vieillir que de se rajeunir. Les grands fils sont fous de joie, ils empruntent les tenues de leur mère, qui n'y voit que du feu, et nous non plus d'ailleurs. Passent cinq, six travestis, ressemblant au modèle à s'y méprendre et presque plus convaincants que les filles. La bande-son mêle les voix de Delphine Seyrig et de Jeanne Moreau à des standards de jazz. Des dialogues très Nouvelle Vague.
Je ne pense pas qu'un autre que Jean Paul Gaultier aurait réussi à adapter les années de Gaulle avec autant d'humour, ni même à imaginer qu'elles pouvaient refléter une certaine réalité proprette d'aujourd'hui.
Paquita Paquin