
La perspective d'un examen gynécologique est une source d'angoisse pour de nombreuses femmes. La prise de conscience des violences obstétricales demande un véritable changement dans la manière de traiter le corps féminin lors de ce rendez-vous médical particulier. C'est précisément pour participer à ce changement qu'Imagyne est né, imaginant une culotte qui préserve la pudeur des femmes. Focus sur cette innovation qu'on aimerait voir aboutir.
Tous les 18 mois, les femmes se voient conseiller de prendre rendez-vous chez le gynécologue et cela pour une bonne partie de leur vie. Elles sont alors soumises à un frottis, un examen somme toute de routine mais qui peut rapidement se changer en calvaire et être source d'angoisses. Parmi les multiples raisons qui rendent un rendez-vous gynécologique stressant se trouve la nudité. Qu'elle soit partielle ou totale, lorsqu'on se retrouve les pieds sur les étriers, jambes écartées, le malaise peut être vite présent.
Alors lorsqu'un projet de culotte simplement fendue au niveau du vagin est évoqué, on ne peut s'empêcher d'être enthousiaste. Sous la bannière "Imagyne, mon intimité respectée", ce sous-vêtement d'un nouveau genre pourrait considérablement faciliter un rendez-vous médical qui n'est, résolument, jamais agréable.
Un projet féministe
A l'initiative du projet Imagyne : Marie Rimbault-Joffard, une entrepreneuse engagée. Une femme qui a entendu la détresse et l'inquiétude de certaines femmes qui ne se sentent pas à l'aise lors d'examen gynécologique. A 20 minutes, elle a raconté la genèse de son projet : "(...) j'ai eu le déclic fin 2017. A cette période, la parole avait commencé à se libérer autour des violences obstétricales, et lors d'une discussion avec un gynécologue de mon entourage, il m'a expliqué qu'en tant que praticien, il n'avait pas besoin de voir toute l'intimité de sa patiente pour réaliser un examen tel qu'un frottis, un contrôle avec un spéculum ou une échographie endo-vaginale".
Forte de sa propre expérience, de témoignages de nombreuses femmes et de la confidence de ce gynécologue, son projet semble plus qu'avisé. "Avec ce dispositif, on offre une solution à l'initiative des femmes, qui pourront choisir de porter cette culotte et se sentir plus rassurée", explique-t-elle.
En effet, la perspective de pouvoir garder sa culotte et ne pas être totalement dénudée - surtout quand on comprend que ce n'est pas nécessaire - pourrait être d'une grande aide pour certaines.
L'impact dangereux des violences obstétricales
Depuis quelques années, les violences obstétricales sont farouchement combattues et la parole sur le sujet se libère. Trop longtemps, ces violences ont été tues, générant une détresse psychologique et physique chez de nombreuses femmes. Certaines avouent d'ailleurs être tant marquées par certaines mauvaises expériences qu'elles limitent leurs visites chez le gynécologue au détriment de leur santé.
Une réalité qu'appuie avec force Marie Rimbault-Joffard déclarant : "A cause de la peur qu'elles ont de passer un examen gynécologique, 33 % des femmes que nous avons interrogées nous ont confié qu'elles négligeaient leur dépistage régulier du cancer du col de l'utérus, et 15 % négligeaient leur suivi contraceptif. C'est donc un enjeu majeur de santé publique". De même, en juin 2018, le rapport du Haut Conseil à l'égalité entre les hommes et les femmes précisait que "la non-prise en compte de la gêne éprouvée par les femmes durant les consultations de gynécologie s'apparente à des faits de violences gynécologiques". Un détail que certains professionnels ont encore tendance à ignorer délibérément, simplement car ces violences ont longtemps été banalisées.
Doit-on rappeler que le spéculum a été créé par James Marion Sims, un homme misogyne et raciste, considéré comme étant le père de la gynécologie ? Un outil de torture qui a été testé sur des femmes noires, esclaves, qu'il séquestrait dans sa clinique privée, leur faisant subir les pires souffrances. Avec des bases aussi atroces, on ne s'étonne pas que les femmes aient une certaine défiance face à des professionnels voulant leur imposer quoi que ce soit qui les mettent mal à l'aise.
Même s'il ne s'agit pas là de condamner tous les gynécologues, il faut impérativement que les comportements changent, surtout en matière d'écoute, de compréhension envers leurs patientes et en prise en compte de leur consentement.
Quand on sait le dégoût qu'ont certaines femmes envers leur propre sexe, qu'on leur a inculqué ou du fait d'une ignorance construite - auquel s'ajoute les violences obstétricales qui n'arrangent rien - on se dit qu'un projet comme celui de Imagyne doit voir le jour. Comme toujours, pour que les femmes aient enfin le choix.
Enfin, pour comprendre l'importance de dénoncer les violences obstétricales, on vous conseille vivement l'écoute du podcast sur le sujet de "Un podcast à soi". Attention, cependant, certains témoignages peuvent être très anxiogènes.