
Un peu plus d'un an après s'être fait connaître du public français suite à sa participation à la saison 3 de "The Voice", Igit nous fait prendre le large avec son EP entre pop et blues baptisé "Les Voiles" dans les bacs depuis lundi 30 mars 2015. Quelques jours avant la sortie de cet opus très attendu, Puretrend est parti à la rencontre du magnétique crooner chapeauté !
Ton EP "Les Voiles" vient de sortir, tu es dans quel état d'esprit ?
Igit : Un peu stressé mais un peu confiant aussi parce que les deux premiers titres qu'on a sorti ont reçu un bel accueil de la part du public. J'avais aussi hâte parce que ça fait un petit bout de temps qu'on travaille dessus. Il y a des chansons qui n'ont pas encore été jouées en concert, je suis donc pressé que les gens les découvrent pour qu'ils viennent aux shows en ayant déjà un petit aperçu des nouveaux titres.
Quelles ont été tes inspirations pour cet EP ?
I : C'est difficile à expliquer parce que le processus a été assez long, l'écriture des chansons s'est étalée sur sept ans. J'ai été pioché à droite à gauche comme " Je suis libre " qui a été écrite quand j'avais 23 ans donc je me suis nourri de toutes sortes d'influences principalement humaines glanées au gré de rencontres avec des gens, des musiciens qui, chacun, ont apporter de petites touches. Bizarrement j'écoute peu de musique donc je me nourris de petits bouts et surtout des influences des gens avec qui je travaille. C'est donc un gros mélange de pleins de choses.
Pourquoi as-tu choisi d'enregistrer une version différente de "Je suis libre", que tu chantais déjà dans des scènes ouvertes il y a quelques années ?
I : Avant, on la jouait de façon assez roots dans une sorte de truc un peu improvisé. Là, on a gardé la structure mélodique de la chanson en la remettant au goût du jour. Il y avait une vraie ambition sur l'enregistrement, on cherchait un résultat moderne et comme je la chantais déjà depuis longtemps j'avais besoin de lui mettre un petit coup de fraîcheur pour pouvoir la défendre de manière différente. Je voulais aussi laisser plus de place au texte. Maintenant je vois bien quand je la joue sur scène, j'arrive à y mettre plus de finesse plutôt que de juste jouer sur le côté groove. L'idée, c'était de lui donner une deuxième vie, et si possible un peu plus noble que celle qu'elle a eu jusqu'à maintenant.
Qu'est-ce que tu as fait de la Communauté du petit monde (Ndlr: le groupe avec lequel il se produisait)
I : Ils se sont éparpillés, mais je les vois toujours parce que ce sont des amis d'enfance. On s'est séparé quand je suis parti habiter en Slovénie. Quand je suis revenu, tout le monde avait pris des routes différentes. Deux membres ont continué et ils ont un groupe, Clarence Vertigo. Maintenant je travaille avec des gens différents, et ça fait du bien au projet d'apporter de nouvelles personnes, avec d'autres influences.
Pourquoi "The Voice" et pas "La Nouvelle Star" ?
I : Parce que "La Nouvelle Star" ne m'a pas appelé (rires). Mais je dois avoir que les rares fois où j'ai regardé j'ai eu peur de l'attente. Les gens font la queue, je n'aime pas faire la queue donc ça m'a traumatisé. Tu fais la queue trois heures coincé entre un mec avec un ukulélé qui s'échauffe la voix et la nana derrière qui danse devant les caméras... Et puis "The Voice", ils m'ont appelé sur mon téléphone en me demandant si je voulais participer, du coup il n'y avait pas de choix vraiment à faire !
Est-ce que tu te verrais en coach ?
I: Grave (rire). Maintenant il va falloir attendre un petit peu ! Je n'ai pas encore la légitimité pour l'instant, mais c'est quelque chose que j'aime faire et que j'ai fait de manière très informelle en Slovénie où je m'occupais de jeunes groupes, j'ai même produit un disque de leurs chansons et c'est un truc que j'adore. C'est super intéressant d'aller essayer de donner les clés à des jeunes gens qui débutent, mais je pense que pour "The Voice", il va falloir vendre un peu plus de disques (rire).
Pendant "The Voice" et toujours aujourd'hui d'ailleurs, on t'a souvent comparé à d'autres artistes. Comment le prends-tu ?
I : Ça me fait sourire parce qu'on me compare souvent à des gens que je connais très peu comme Charlie Winston, Leonard Cohen ou Tom Waits. Je me rends bien compte qu'il y a beaucoup de comparaisons qui sont dues à une projection des gens par rapport à l'image qui est dégagée, et c'est tout à fait normal, plutôt qu'à la musique. D'ailleurs, il y a quelques jours, j'étais à Avoriaz pour un festival et Charlie Winston jouait sur la grande scène le même jour. Des gens m'ont couru après en me demandant des photos. Quand les gens ont une idée assez précise d'un personnage à travers les médias, genre : "il a l'air sympa il a un chapeau il a une guitare, c'est à peu près tous les mêmes", c'est difficile d'aller contre. Les gens voient ce qu'ils ont envie de voir.
Est-ce qu'il y a quelque chose que tu t'interdis musicalement ?
I : Non pas vraiment, j'ai vu des attitudes que je me suis interdites mais niveau musique, non. Il y a des styles qui ne me correspondent pas, des paroles qui ne veulent pas dire grand-chose mais sinon je ne m'interdis rien. J'ai suffisamment confiance en moi pour me dire que, si tu fais les choses, à priori, il y a pas de raison que ce soit mauvais. Il y a plein de styles différents, après tu peux les faire avec le coeur, sincèrement, ou tu peux les faire en t'en foutant complètement. L'important, c'est plutôt l'implication que tu y mets. Je pourrais tout faire, il y a un album de zouk en préparation d'ailleurs (rires).
Est-ce que tu as choisi le crowdfunding pour avoir plus de liberté sur ta musique ?
I : Exactement. Et puis l'idée de la production-participation, c'était aussi d'avoir la possibilité de faire les choses nous-mêmes. Avec l'équipe qui m'entoure, on s'est dit qu'au sortir d'une émission populaire, il fallait faire attention parce que j'avais aussi des choses à défendre, j'avais mes propres chansons, notamment celles qui sont sur le disque et que, du coup, c'était peut-être plus évident dans un premier temps de garder la main sur l'image et sur la production de l'EP, pour poser la première pierre nous-mêmes dans un sens. Après, si on est amené à travailler avec d'autres personnes, ce qui risque de se passer parce qu'on arrive à un niveau où on a besoin de grosses structures parce qu'ils ont des gros moyens et qu'on a envie de faire des belles choses, s'ils sont intéressés, ils sont obligés de construire la maison sur la première pierre. C'était important de définir les barrières pour ne pas faire n'importe quoi parce que dès qu'il y a des enjeux économiques, tu peux vite te perdre. Et en plus, l'idée c'était de prendre le temps avec l'équipe et les musiciens.
Est-ce que les petites scènes te manquent ?
I : J'essaie de le faire de temps en temps, de faire des concerts un peu à l'arrache comme là, pour un ami qui fait une fête pour sa copine. On essaie de se retrouver, de faire des shows parfois dans des conditions roots, à l'arrache. Les open mics me manquent, mais je joue parfois encore dans la rue, déguisé. Je l'ai fait à Bordeaux il n'y a pas longtemps, il y a une espèce de liberté, quelque chose d'un peu léger...
Sinon, est-ce que tu peux nous préciser la date de la sortie de son album ?
I : On est en pleine sélection des chansons et on va devoir enregistrer en août-septembre. Donc, je dirais janvier ou février 2016.
Enfin, est-ce qu'on peut savoir ce que tu caches sous ton chapeau ?
I : Rien (rires). Si parfois j'ai les pass des concerts qui sont accrochés parce que je ne sais pas où les mettre, mais sinon pas grand-chose, désolé de décevoir ! Ça aurait été drôle une énorme calvitie, là t'aurait compris la stratégie marketing, mais non (rires)...
Propos recueillis par Marie Bresson-Mignot