
Ce soir à 22h45, France 2 donne la parole à des Français, gays et lesbiennes, qui témoignent à visage découvert de leur vécu. Rejet, insultes, agressions, autant de récits qui confirment que la lutte contre l'homophobie reste un combat à mener au XXIe siècle.
"J'ai rien contre les homosexuels, à condition qu'ils agressent pas mes petits-enfants ou autre chose". "Deux hommes ensemble, deux femmes ensemble, déjà, c'est hideux. Il y a quelque chose de choquant, c'est inesthétique." "Les gays ? Ce sont des gens qui n'ont pas de cerveaux. C'est comme les gens qui font du cinéma, c'est pas naturel."
Depuis l'examen du projet de loi autour du mariage pour tous et sa ratification le 23 avril 2013, la parole homophobe s'est comme libérée. A la télévision, dans la rue, au sein même des familles ou dans les cours d'école, l'union de deux hommes ou de deux femmes a fait jaser. Mais au-delà de cette évolution de l'institution du mariage qui choque une frange de la société, c'est l'homosexualité qui est en question.
Pourtant, on aurait pu penser que les mouvements d'émancipation des femmes, des noirs et des autres minorités auraient rendu les débats nuls, puisqu'inutiles. Après tout, qu'un homme en aime un autre ou qu'une femme décide de partager la vie d'une autre relève de l'ordre de l'intime. Mais en 2014, ça coince toujours pour certains.
Dans "Homos, la haine", diffusé ce soir sur France 2, Philippe Besson et Eric Guéret donnent la parole à neuf Français d'origine, d'âge et de sexe différents. Neuf visages qui incarnent une même souffrance, celle d'être pointé du doigt, insulté voire agressé pour sa façon d'aimer.
"Ils ont pris ma tête pour un ballon de foot"
Là où certaines déclarations sont rapidement épinglées comme racistes ou misogynes, l'homophobie, elle, semble profiter d'une certaine impunité. Dans la rue ou au sein même des familles, l'homosexualité cause l'incompréhension. On parle de "choix", alors qu'on ne dit jamais qu'un hétérosexuel a "choisi" de l'être. Contraints de se justifier, marginalisés, les gays et lesbiennes de France ne jouissent toujours pas des mêmes droits que les autres citoyens.
Mise en place par France 2, la plateforme "Homos, la haine" permet à des inconnus de témoigner contre l'homophobie ordinaire. Celle vécue par des jeunes, obligés de faire leur coming out et parfois rejetés par leur famille. Celle qui gangrène le milieu du sport. Celle qui rend le quotidien d'un gay ou d'une lesbienne et de sa famille plus dur, car nourrissant les quolibets.
Alors qu'aujourd'hui encore, une agression homophobe est recensée tous les deux jours*, le témoignage de Bruno fera peut-être bouger les choses. Frappé par quatre hommes, il a été laissé pour mort dans un bois. Son crime ? Etre gay. "Ils ont pris ma tête pour un ballon de foot, c'est leurs mots". Mâchoire facturée, poumon perforé, viol, il a vécu l'enfer et s'en est miraculeusement sorti. Aucun motif ne justifie une pareille sauvagerie.
Isabelle, témoin anonyme sur la plateforme de France 2, résume bien la situation. "Faut-il attendre que l'homosexualité nous touche personnellement pour que la lutte contre l'homophobie soit l'affaire de tous ?"
"Homos, la haine", ce soir sur France 2 à partir de 22h45.
* chiffre tiré du "Rapport sur l'homophobie 2014" de SOS Homophobie