
On eût pu croire que la silhouette de Lily Cole découpée sur fond gris avec melon et parapluie en travers des épaules en préambule du défilé allait incarner une menace digne d'Orange Mécanique. Mais l'exubérante imagination de Jean Paul Gaultier se contient pour Hermès dans un stylisme de podium pour " iron ladies " qui préfèrent imposer leur poigne sans jamais friser la subversion. Politically correct !
Il y avait ainsi davantage de chapeaux melons que de bottes de cuir dans le défilé lui-même, dévoilant pour l'occasion un décor en forme de tunnel graphique où transitaient les agents inspirées des figures du Secret Intelligence Service d'Outre Manche.
Ces Emma Peel portaient presque toutes le parapluie de John Steed dans un fourreau, d'abord de croco laqué noir ensuite décliné en matériaux et couleurs signature du style Hermès. Lily Cole ouvrait donc la marche, moulée dans une combinaison noire de rat d'hôtel en cuir souple, simplement appuyée sur les hanches d'une large ceinture. Le glamour se lit dans les brillances sur le fourreau du parapluie porté à main droite tandis que le Kelly à main gauche est entièrement recouvert de cristal mesh en jet Swarovsky pour un éclat digne de James Bond.
Ce sont peut-être les gadgets de 007 qui ont inspiré cette loupe en sautoir autour du cou de Coco Rocha, chargée d'enquête pour l'occasion. On reprend ailleurs la cape seule du macintosh (le manteau, pas le computer) de Sherlock Holmes ici travaillée en tricot incrusté de cuir. La palette s'élargit progressivement pour envelopper dans un cachemire double face gris et blanc. On remarque alors un ensemble entièrement consacré aux couleurs des emballages Maison avec collants opaque, chemisier à lavallière, gants de daim et mini-sac orange, jupe courte et veste en cuir chocolat. Les astuces vestimentaires comprennent un plastron trompe-l'oeil de veste à porter sous le manteau et du mohair gratté, découpé de franges en bordure dans des tartans fauves ou gris pour châtelaines portant le haut de forme et affectionnant les plaids.
On apprécie que le trench final, en cuir, évite toute comparaison avec ceux signé Burberry: son ampleur, sa matière, sa coupe parlent ici un langage moins vernaculaire. Deux longues robes en jersey décorées d'une rayure d'alligator verticale auraient pu être évitées : la fluidité de leur maille s'unit mal à la rigidité du reptile. Pas de quoi fouetter le chat du Shah!
Jean-Paul Cauvin
Retrouvez toutes les images du défilé sur Puretrend.