En attendant l'interview - lundi- de celui dont la collection a tourné toutes les têtes et ahuri pas mal de cervelles, quelques impressions à chaud du défilé Raf Simons .

Un petit miracle quand tout se lie pour la beauté du spectacle : le coucher de soleil sur la vaste façade XVIIe du centre des sourds muets de la rue Henri Barbusse, la douceur du soir et l'attente surtout... Car on attend toujours le meilleur d'un défilé Raf simons. Et ce meilleur une fois de plus, le créateur anversois ne s'est pas gêné pour nous le donner, nous baignant dans une musique classique feutrée. Les lumières artificielles éclairaient des pupilles azur, les peaux de pêches de jeunes hommes ravissants aux cheveux courts et crantés aux yeux délicieusement enfoncés, plus parfaits encore que des mannequins de cire des années trente.

La démonstration pouvait commencer dans un délire de costumes gris tous plus stricts les uns que les autres aux pinces parfois saillantes aux vestes sanglées de cuir, pas seulement à la taille mais encore aux coudes des manches retroussées. Des pantalons gris et leurs chemisettes vert bouteille, marine, kaki ou bordeaux réaffirment la discrétion. Le dos des vestes en doublure de soie damassée arborent le nouveau blason d'un Raf récemment anobli. Le R de son prénom enlacé dans la calligraphie d'un S plus que sinueux représentant un serpent. Non, nous n'avons pas vu passer de loden mais un trench vert de gris suffisait à l'évoquer. Des détails universitaires avec manches rapportées modifiant le volumes des vestes et protégeant l'étoffe. Dans les encolures des pans de mousseline floue posés comme des écharpes se révélent être des tuniques parfaitement transparentes et ornées du motif RS, cette fois-ci coloré de vert et de brun.

C'est d'une jeunesse impeccablement domptée dont nous parle cette saison Raf Simons.

Paquita Paquin