Un personnage iconique, cela vous colle souvent à la peau. Difficile d'imaginer Eva Longoria jouer autre chose que la célèbre Gabrielle Solis, dur de voir Daniel Radcliffe autrement qu'en Harry Potter. Quand le personnage de fiction se greffe à l'acteur qui le joue, impossible de s'en défaire. Les quatre actrices de la série "Sex & The City" en sont la preuve.

A jamais confiné à la mythique Carrie Bradshaw, Sarah Jessica Parker a bien décidé d'en profiter. Après la série puis les deux films, elle qu'on interroge à chaque émission ou interview sur son ancien rôle, a rentabilisé l'aura glamour qu'il lui a apporté. Quand elle use de l'addiction aux chaussures de Carrie pour lancer sa gamme de souliers, on dit pourquoi pas. Mais le dernier come back de miss Bradshaw nous fait, lui, l'effet d'une bière sans bulles.

Pour vanter les mérites de Stella Artois dans une publicité télé à gros budget qui sera diffusée pendant le SuperBowl, SJP revêt les Manolo de Carrie pour nous laisser croire qu'elle préfère commander une binouze plutôt qu'un Cosmo. Le tout est censé promouvoir la campagne humanitaire de la marque pour l'accès à l'eau propre. Mais fallait-il vraiment faire revivre Bradshaw pour ça ? Et si on faisait enfin le deuil de Carrie ?

Adieu Carrie

Certes, le personnage a marqué plus d'une fashionista. Mais plus de vingt ans après le début de "Sex & The City", le visionnage rétrospectif n'épargne ni Carrie, ni la série. Il faut bien l'avouer, en y regardant de plus près, Carrie Bradshaw est loin d'être une personne attachante : égocentrique, passant son temps à se plaindre et gagnant bien trop d'argent pour une journaliste freelance, elle finit presque par taper sur le système.

Deux décennies plus tard, de nombreuses questions de racisme, bi et transphobie ou de slutshaming quant au scénario deviennent aussi frappantes, comme l'illustre parfaitement le compte Everyoutfitofsatc en créant le personnage de "Woke Charlotte", remettant les choses à leur place.

Doit-on brûler sur la place publique Carrie Bradshaw ? Bien sûr que non ! Dans le contexte où la série a vu le jour, elle reste évidemment pionnière et cruciale sur plus d'un point, abordant des questions de sexualité d'un point de vue féminin comme nul part avant dans la culture mainstream. Alors oui, ne nous empêchons pas de revenir à "Sex & The City" de temps à autre par pure nostalgie. Mais faire revenir Carrie tous les trois quatre matins ? Jamais plus que maintenant l'expression "toutes les bonnes choses ont une fin" n'a fait sens !