
A 22 ans, Elisa Parron se découvre une passion pour l'image. Après avoir couvert le milieu du rap, la jeune photographe s'essaie à la mode. Rencontre avec un phénomène en pleine ascension.
Elisa Parron n'a que 22 ans, un âge que ne laisserait jamais deviner l'esthétique de ses clichés. Avec assurance et panache, la photographe enchaîne les expériences. Devenue l'amie des rappeurs Nekfeu et Booba ou photographe attitrée des footballeurs du Paris Saint-Germain, elle se frotte depuis peu au monde de la mode. Outre les blogueuses Kristina Bazan et sa meilleure amie Fiona Zanetti, Elisa Parron shoote les plus grands, d'Adèle Exarchopoulos à Kate Moss. Les after shows de la Fashion Week sont devenus pour elle un terrain de jeu. Entrevue avec la jeune photographe bourrée de talent et d'assurance, experte du portrait de star.
A 22 ans, vous avez déjà un joli CV. Quel est votre parcours ?
J'ai découvert très tardivement que je souhaitais faire de la photo mon métier. C'est devenu concret dans ma tête à partir du moment où je suis entrée en école d'art. Je n'y suis pas restée longtemps : trois mois, seulement, après lesquels je suis partie de mon côté pour shooter des clubs de foot suisses. Au même moment j'ai shooté mon premier concert. J'étais un peu frustrée à l'école : je voyais ça davantage comme un frein qu'autre chose.
Qu'est-ce qui vous inspire ?
Tout ce qui m'entoure ! Je n'ai jamais vraiment été fan d'un photographe ou d'un artiste en particulier, plutôt admirative du parcours professionnel de ceux qui arrivent à se faire un nom.
Tout le monde peut s'imaginer photographe à travers les réseaux sociaux. Qu'est-ce qu'une bonne photo selon vous ?
Une bonne photo, aujourd'hui, ça ne suffit plus. Personnellement, je ne recherche pas la perfection technique, mais d'abord l'émotion, qui reste à mon avis bien plus forte que tout.
Pourquoi avoir choisi le milieu du rap pour commencer dans la photographie ?
C'est venu par hasard, c'est le premier concert que j'ai shooté. Je suis ouverte à tous les styles de musique.
Faire la couverture de l'album d'un rappeur, c'est quand même un challenge, non ?
Oui, j'adore ! Ce que je cherche avant tout, c'est à collaborer avec d'autres artistes. En faisant une cover, d'une façon ou d'une autre, nos arts se mélangent. J'aime sentir que je fais partie d'un projet, que j'apporte ma pierre à l'édifice !
Passer du football au rap, c'est un grand écart. Quel est selon vous le point commun entre ces deux milieux ?
Les gens qui le font. Les joueurs de foot écoutent presque tous du rap, les rappeurs sont presque tous fan de foot. Pour moi, c'est vrai, c'est un avantage de dire à un groupe de rap que je shoote de grosses équipes : ça me crédibilise. Et vice versa avec le milieu du sport.
"J'aime l'idée d'être un caméléon"
Comment en êtes-vous venue à vous intéresser à la mode ?
Vous savez, pour moi, dans la photo il n'y a pas de limite. J'aime l'idée d'être un caméléon. J'ai d'abord rencontré Fiona Zanetti de Kayture, à qui j'ai proposé un rôle dans l'un des premiers clips que j'ai réalisés pour le rappeur américain 86 Joon. Dans la foulée, j'ai rencontré Kristina Bazan. Ce sont des filles surprenantes que j'adore. Elles m'ont offert de les accompagner durant la dernière Fashion Week Haute Couture de Paris - je leur avais fait part de mon envie de travailler avec elles. En une semaine, je me suis retrouvée propulsée dans le monde de la mode, c'était super.
Avez-vous un créateur, un mannequin préféré ?
Etant la majeure partie de mon temps avec des garçons, je suis plutôt adepte du jogging, du t-shirt large et du no make-up. Mais j'adore le mannequin Bella Hadid, je l'ai vu défiler pour Versace et je me suis dit que ça devrait être un régal de la shooter.
"En une semaine, je me suis retrouvée propulsée dans le monde de la mode, c'était super."
Quels conseils pouvez-vous donner à ceux qui souhaitent percer dans le milieu de la photographie ?
On ne m'a jamais donné de marche à suivre ou de vrais conseils dans mon métier. J'ai toujours suivi les impulsions que j'ai eues, il faut que ça vienne de soi. J'en veux tellement que ça me motive doublement, je travaille uniquement pour moi et pour la satisfaction d'une photo de qualité. Mais à part ça...
Y a-t-il un artiste que vous rêveriez de photographier ou une marque que vous souhaiteriez immortaliser ?
Pas vraiment, je suis moins motivée par le rêve que les challenges personnels. ce qui compte, pour moi, c'est de faire toujours plus.
Propos recueillis par Walid Jabri.