
Partout, les langues se libèrent. Après le milieu du cinéma, c'est au tour des mannequins de prendre la parole pour dénoncer le harcèlement et les agressions sexuelles dont elles sont trop souvent victimes. Edie Campbell, top britannique de 27 ans, vient de publier une lettre ouverte où elle dit tout haut ce que beaucoup trop pensent tout bas.
"Nous avons un problème, nous évoluons dans une culture qui tolère trop l'abus dans toutes ses manifestations (...). Nous en sommes venus à considérer cela comme une simple partie de notre job."
Ainsi commence la lettre ouverte rédigée par Edie Campbell publiée par WWD. Déjà relayée par de nombreux médias, ce texte en dit long sur les non-dits qui sclérosent le milieu de la mode. Mannequin depuis douze ans, la Londonienne a posé pour Vogue, le parfum Black Opium d'Yves Saint Laurent, Burberry ou encore Lanvin. A 27 ans, elle a décidé de faire suite au scandale Weinstein qui balaye le milieu du cinéma mais aussi aux témoignages de tops mis en lumière ces derniers jours par Cameron Russell, pour en finir avec l'omerta qui règne aussi dans la mode.
"Au sein de l'industrie du mannequinat, j'ai été victime de gestes inappropriés, d'harcèlement sexuel, une fois j'ai été droguée. Je n'en ai pas beaucoup parlé par peur de ne pas travailler et de ne plus pouvoir faire ce que j'aime."
Pour une vraie prise de conscience
En écrivant cette lettre, Edie Campbell veut pousser le monde de la mode à sortir du statu quo. Et le top de prendre l'exemple du "cas" Terry Richardson. Sa réputation sulfureuse et les nombreuses accusations de harcèlement à son encontre n'ont pas suffi, il y a quelques années, à stopper ses collaborations avec les médias. Il a fallu le scandale Weinstein pour que Condenast décide de couper les ponts avec le photographe. L'arbre qui cache la forêt, pour Edie Campbell, qui rappelle que c'est un système qu'il faut mettre à bas.
"On sait que si les dominos commencent à tomber, un grand nombre d'entre nous suivront." Et de viser les directeurs de casting, stylistes et agents (entre autres) responsables de comportements inappropriés. Weinstein et Richardson ne sont que des exemples mis au ban d'industries malades qui doivent, selon elle, faire face à leurs travers.
Pour elle, cela passe par une vraie prise de conscience, mais aussi par plus de réglementation pour une profession où des mannequins, parfois très jeunes, sont envoyés au domicile de photographes pour des castings, sans qu'on se préoccupe de ce qui peut s'y passer.
Plus de règles pour mieux traiter des mannequins trop souvent malmenés, c'est l'optique de la charte récemment signée par LVMH et Kering. Si on peut penser que les choses vont dans le bon sens, il faut aller encore plus loin pour protéger celles et ceux qui sont trop souvent soumis au bon vouloir d'hommes de pouvoir omnipotents. Et "ne plus rester silencieux".
C.B.