
YSL version Vaccarello, saison 2 : pour sa deuxième collection au sein de la divine maison, Anthony déroule le fil de ses obsessions – cuir, dentelle, hyper structure. Revue de style, en dix points phares.
Il était attendu au tournant de cette deuxième collection qu'il signe pour la maison Saint Laurent. Loin de céder à la pression ou à l'éventuelle influence de son prédecesseur Hedi Slimane, Anthony Vaccarello défend avec ce défilé, référencé mais définitivement libre, l'idée d'un essentiel de garde-robe. La collection, pour pléthorique qu'elle soit (avec plus de soixante-dix modèles présentés seulement pour la femme !), reste fidèle à bon nombre de principes. Ceux, cardinaux, du jeune créateur, mixés aux mythes fondateurs du maître Yves.
Les formes fétiches
Epaules basculées, asymétrie, gros noeuds, découpes en coeur : chez le créateur belge féru et diplômé de sculpture, c'est par la forme que la féminité s'exprime. Associée à des jupes ultra courtes ou à du mouton retourné, elle exhibe autant qu'elle emballe, telle un cocon, celle qui la porte. Chez Vaccarello, une affaire de parti-pris plus que de paradoxe.

L'over carrure
Trois silhouettes fortes amorcent le show : épaules appuyées, ascérées, hyper volumes ambiance Mad Max. La première référence aux sacro-saintes eighties auxquelles Anthony fera un clin d'oeil appuyé tout au long de cette collection. En prime, des bottes de sept lieues très remarquées font leur première apparition : un essentiel qui a de la gueule.

Le brun, ce nouveau noir
"Statement", comme on dit en anglais : Anthony Vaccarello fait de cette couleur tombée en désuétude un nouveau hit. Chocolat, fauve, écureuil, bistre : décliné dans toutes les nuances, il devient étendard, essentiel de style.

Le règne du plissé
Tellement 80, divin ! Le plissé s'invite comme un plastron sur des jupes qu'il déguinde, des épaules qu'il rend aériennes. Adepte de la structure et des jeux de découpes, Vaccarello sculpte le cuir, majoritairement vernis. Dessous, la maille vécue comme une seconde peau fait parade. Le moutarde et le canard, très prisés jadis (soit à l'automne 1983) par l'ensemble de la fashion, s'offrent une place de choix sur le catwalk. Et dans le coeur des fashionistes.

Le jean, toujours
Déjà fauteur de trouble lors de la collection Printemps-Eté 2017, le denim cher au créateur joue aussi des coudes sur le catwalk de cet Automne-Hiver 2017. Toujours libre, "street", presque basique avec blouson et pull, auxquels leurs lettres de noblesse sont redonnée : le jean Saint Laurent se porte (presque) dans sa plus simple expression. La note cool du défilé, un versant urbain teinté 70's rassembleur, et qui fait aussi la différence.

La robe bohème spectaculaire
Comme le hors champ de cette collection, emblématiquement portée par Binx Walton (le mannequin fétiche du créateur), c'est la pièce pivot de ce fashion show automne / hiver 2017. Elle en prend le contrepied et s'assume, unique. Parmi toutes, la pièce qui, dans toute sa fluidité, s'impsoe comme LA référence au maître Yves. Dans son sillage, la dentelle ose tout, les seins se dévoilent ou s'exhibent. Ulltime réinterprétation des codes de la maison qui avaient fait scandale à leur époque, et dont Anthony s'était déjà emparé lors de son premier défilé printemps / été. Une métaphore filée, oui mais comme une empreinte.

Le sportswear pop
Le sportswear s'érige fièrement sur le catwalk et se révèle à travers des blousons oversize. A mi-chemin entre allure aviateur et street look inspiré 80's, le XXL loin de noyer la silhouette se marie à des pièces graphiques et à des couleurs pop. Le sportswear se fait ligne directrice de la collection homme où il est impossible de ne pas retrouver l'influence Slimanienne. Silhouettes masculines et féminines se fondent presque, se mixent pour une allure contemporaine détonnante.

La capitainerie
A l'image ultra galvaudée de l'Amazone, Vaccarrello substitue celle d'une femme forte qui prend le large, drapée dans des pardessus masculins et des cabans over size, presque autoritaires sans leur association avec la soie ou la dentelle. Le versant strict de ce vestiaire automne / hiver 2017.

Le cuir, vernis !
Si l'agneau plongé mat était à l'honneur la saison dernière, Vaccarello fait du cuir vernis, brillant, épais, un choix très personnel. Érigé en revendication dans les 80's, ce cuir clinquant trouve un écho tout aussi puissant en 2017. La femme Saint Laurent continue de s'affirmer dans toute sa différence, casse les codes et ne craint jamais l'ostentatoire.

Le night clubbing
Un dernier passage qui brille et qui ébouriffe : Vaccarello fait de la nuit un immense travelling ou les silhouettes électriques, le noir paillettes ou le strass n'ont pas peur d'éblouir en toutes circonstances : sur des bottes pensées comme des boules à facettes, sur des robes cobalt hypnotiques mais aussi sur des mailles en lurex qui se laisseront porter dès l'après-midi. La party girl ascendant "Saturday Night Fever" est sublimée, déjà culte. Elle fait son entrée dans le quotidien de la vie, au supermarché comme au photocopieur.

Claire Stevens et Héloïse Famié-Galtier