
Énorme succès à Londres, l'exposition "David Bowie is" s'est installée à la philharmonie de Paris pour quelques mois. C'est avec un casque audio (qui diffuse la discographie de l'artiste) vissé sur la tête que débute ce voyage chimérique consacré à cette légende de la pop culture.
Organisée de façon chronologique, on découvre tout d'abord un jeune artiste obsédé par le succès et la reconnaissance. Alors que les Beatles et les Rolling Stones sont en train de rendre fou toute une génération, et bien plus encore, David Bowie (qui s'appelait en réalité David Jones) met du temps à percer et travaille d'arrache-pied. En 1972, l'OVNI Bowie frappe la terre dans "Top of The Pops" sur la BBC : mi-femme, mi-homme avec ses cheveux rouge et son air androgyne; mi-terrien, mi-extraterrestre avec son teint blafard et son costume ultra coloré, David Bowie suscite les interrogations mais frappe les esprits. Le mythe est né.

David Bowie, cet homme multitâches
Tout au long de cette exposition, au gré des croquis, annotations personnelles ou encore vidéos de l'artiste, nous sommes frappés par son aspect "multitâches". Auteur et compositeur, il contrôle tout de son oeuvre. Et lorsque l'on dit tout, c'est absolument tout : la scénographie, ses costumes (évidemment), son maquillage, les chorégraphies, les décors, l'éclairage, les pochettes de ses disques... Rien n'est laissée au hasard, tout est parfaitement pensé et calculé.
Dans une petite pièce un peu à l'écart, une partie de l'exposition est consacrée à l'autre "carrière" de cet artiste boulimique : le cinéma. Un domaine dans lequel il excelle. On y (re)découvre différents extraits tirés de sa filmographie et pièces de théâtre comme "Basquiat", "L'Homme qui venait d'ailleurs" ou encore "La Dernière tentation du Christ". Mention spéciale pour "Elephant Man", pièce dans laquelle il est absolument bluffant.

Des costumes de scènes à rendre fou
Impossible de parler de David Bowie sans évoquer ses costumes complètement fous : plateforme shoes, costumes ultra colorés, paillettes à gogo, robes ou encore jupes... Si David Bowie aime l'exubérance, il aime surtout être quelqu'un d'autre que lui : Ziggy Stardust, Aladdin Sane, The Thin White Duke...
Un petit frison nous parcourt lorsque l'on se retrouve devant deux de ses costumes mythiques : le manteau Union Jack version punk créé par Alexander McQueen en 1997 pour la pochette de son l'album "Earthling", et le costume fantasmagorique dessiné par Kansai Yamamoto pour le "Aladdin Sane Tour" en 1973. Petite aparté qui nous a amusés : dans l'une des vidéos de l'exposition, le créateur Kansai Yamamoto est pris en flagrant délit de "melon" lorsqu'il explique que si David Bowie a fait appel à de multiples couturiers pour l'habiller, ses costumes à lui étaient bien plus réussis, car ils collaient au mieux à l'univers Bowie.

L'exposition qui réveille les démons de minuit
"Ground Control to Major Tom", "Starman", "Heroes", "Life on Mars"... des titres cultes que l'on fredonne tout au long de ce voyage pas du tout comme les autres. Il n'est donc pas rare de croiser quelques visiteurs en train de se déhancher et d'autres en train de chanter. Le monde de David Bowie est si captivant, que la batterie de l'audioguide finit même par nous lâcher. Après près de deux heures passées dans l'univers fantastique de l'artiste, il est temps de revenir à la réalité... et de foncer chez un disquaire pour s'offrir l'une de ses albums ou, pourquoi pas, une anthologie...
"David Bowie is", jusqu'au 31 mars 2015 à la Philharmonie de Paris.
Jennifer Delattre