
Véritable marronnier des magazines féminins, le sujet du maillot de bain est un fléau qui peut rapidement faire naître des angoisses pour de nombreuses jeunes femmes et femmes. L'utilisation à outrance de l'expression "summer body ready" et autre "bikini body" continue de faire peser des pressions sur le corps féminin et créent des complexes. Heureusement, l'arrivée du mouvement body positive commence à faire bouger les choses et les campagnes en ce sens se multiplient. Décryptage.
Alors que la majorité des femmes ont totalement intégré les diktats, au point de ne plus se rendre compte qu'elles les appliquent, le mouvement body positive vient remettre les points sur les "i" et dire "stop" aux oppressions. Nombreuses sont les marques qui ont décidé de miser sur le body positive et des campagnes qui décomplexent les femmes. Effet de mode ou véritable éthique ? Peu importe tant que cela apporte du positif aux femmes et à leur lien au corps. Car après des années et des années de gros titres à base de "régime" et autres "summer body" quelques mois avant les vacances d'été, il faut déconstruire pour reconstruire.
S'il existe encore une majorité de marques de maillots de bain et de lingerie qui préfèrent continuer à propager une image stéréotypée de la femme, certaines griffes sortent du lot. Ces derniers mois, cette envie de dévoiler une diversité de corps plus grande afin qu'un maximum de femmes soient représentées se ressent avec plus de force.
On pense ainsi au projet "Any Body" lancé par deux mannequins australiennes, Georgia Gibbs et Kate Walsey, prônant la "beauté sans limites". Pour illustrer cette idée, le duo a fait poser quatre tops de différentes tailles avec le même maillot de bain estampillé "Love Your Body". Le message est clair : la taille est simplement un chiffre et ne devrait jamais être utilisée comme une norme.
Dans une démarche assez similaire, la marque YouSwim a ainsi créé un maillot de bain une-pièce, qui grâce à sa coupe et sa matière ultra-stretch, va à toutes les morphologies, du moins du 34 au 42.
De l'importance de montrer tous les corps
Mais nous sommes bien d'accord, la taille ne s'arrête pas au 42. Et ce sont bien ces femmes qui manquent encore cruellement de représentation et qui sont encore bien souvent victimes de grossophobie. Mais le culte de la minceur tend doucement à disparaître - même si cela prend du temps, on en convient - comme lorsque les marques et les influenceuses se rencontrent pour collaborer.
Car elles sont nombreuses sur Instagram, ces femmes dites "plus size" qui propagent des messages body positive. Gémo faisait ainsi appel, il y a peu, à l'influenceuse Lalaa Misaki pour une collection capsule composée notamment d'un maillot de bain pensé du 44 au 52 et équipé d'armatures - fait rare pour cette pièce - afin d'assurer confort et assurance à celles qui l'adopteront.
De même le salon Unique By Mode City qui aura lieu les 7, 8 et 9 juillet, fait de trois influenceuses body positive, Gaelle Prudencio, Julie Bourges et Valériane Barcia, les ambassadrices de l'événement qui a pour but de décrypter les tendances maillots de bain de l'été 2018 mais aussi 2019.
La femme "normale" est icone
Faire de la femme dite "normale" une égérie est également une démarche de plus en plus répandue. On voit ainsi fleurir des collaborations avec des influenceuses/blogueuses - perçues comme des femmes ordinaires auxquelles on peut facilement s'identifier - ou avec des jeunes femmes engagées sur les réseaux sociaux. C'était le cas pour la marque Weekday qui a fait de 25 anonymes les stars d'une campagne de maillots de bain, montrant ainsi des femmes de taille et couleurs de peaux différentes.
Pourquoi peut-on parler d'évolution dans le fait de montrer tous les corps ? Parce que ces campagnes, petit à petit, éduque l'oeil en même temps que les mentalités, trop habitués à voir des femmes blanches minces et imberbes. La véritable évolution sera, bien sûr, le jour où on ne saluera plus une campagne body positive et où voir différents corps sera devenu tout à fait anodin.
Là où toutes ces démarches se rejoignent est bien dans l'acceptation de soi et dans le fait que les retouches sont inutiles. La prochaine étape serait d'ailleurs peut-être d'afficher des femmes non-épilées afin de propager l'idée qu'elles ont le choix. Car une certitude demeure : tous les corps sont beaux et méritent d'être représentés.
Héloïse Famié-Galtier