Être féministe est d'abord une expérience personnelle qui implique la déconstruction, cette phase où l'on remet en cause tout ce que l'on a intégré de manière plus ou moins inconsciente. Un processus plus ou moins long qui s'accompagne volontiers de lectures avisées. Pour fêter la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, Puretrend a tenu à faire sa sélection (très personnelle) d'essais féministes qui vous donneront la gniaque face au patriarcat. Une sélection aussi bien pour les femmes que les hommes.
Celui qui chamboule tout
De quoi ça parle ? S'il ne devait y avoir qu'un livre féministe à posséder, ce serait certainement "King Kong Théorie" de Virginie Despentes. Ce manifeste vient ébranler toutes nos bases, bien souvent sexistes (merci le patriarcat), et accompagner les prémisses de la déconstruction. En 160 pages, l'autrice féministe démonte les stéréotypes, résultat du formatage des hommes et des femmes dès leur plus jeune âge, et conteste les discours bien-pensants sur le viol, la prostitution, la pornographie.
Quand le lire ? Tout le temps et partout. Court, efficace, percutant, il est à mettre entre toutes les mains.
Celui qui accompagne avec bienveillance
De quoi ça parle ? "Bad Feminist", c'est le témoignage de Roxane Gay qui rend compte de sa propre déconstruction et son lien au féminisme. En partant d'expériences personnelles, l'autrice et professeure d'université fait une critique incisive de la société américaine. Elle traite de sujets aussi forts que la grossophobie, la culture du viol, les privilèges, la sexualité et la race, notamment la représentation des noirs dans le cinéma hollywoodien. La force de cet essai (qui est en fait un recueil de courts essais) réside certainement dans son côté très accessible, décomplexé, fluide.
Quand le lire ? Au début de sa déconstruction, et notamment lorsqu'on ne se sent pas légitime en tant que féministe. Peut-être aussi lorsqu'on a un rapport plus ou moins conflictuel avec les féminismes. Il aide à comprendre la pluralité et la complexité du mouvement, tout en décomplexant le militantisme.
Celui qui nous reconnecte à nous-même
De quoi ça parle ? Avec "Sorcières, la puissance invaincue des femmes", Mona Chollet réactualise la figure de la sorcière. Si on ne lit pas cet essai pour y trouver un compte-rendu historique du traitement des femmes à l'époque des bûchers (partie sur laquelle l'autrice passe rapidement), elle fait le lien entre sorcières et féminisme. A travers l'étude de la femme indépendante, la femme sans enfant et de la femme âgée, la journaliste du Monde Diplomatique célèbre la femme qui veut ou qui s'affranchit des lois oppressives d'une société patriarcale, qui est consciente de ses capacités, de sa valeur et qui ne s'en excuse pas.
Quand le lire ? Quand notre déconstruction est amorcée, quand on se questionne sur la maternité et le temps qui passe. Cet essai aide à remettre en cause notre vision préconçue, à se reconnecter à soi, à tirer fierté d'être une femme. Il nous invite aussi à trouver refuge dans la sororité pour révéler toute notre puissance.
Celui qui nous invite à la révolte
De quoi ça parle ? Essai post #MeToo, "Le corps des femmes, la bataille de l'intime" de Camille Froidevaux-Metterie entend remettre la violence à l'encontre du corps féminin au coeur du débat. Une approche philosophique sur le combat contre la domination masculine sur le corps des femmes et les jugements violents quant à leur sexualité qui n'est pas gagné. Le corps féminin n'a jamais cessé d'être sexualisé et les femmes sont encore vues par ce prisme (en témoigne les dénonciations de la Ligue du Lol ou plus récemment de #EntenduALaRedac).
Quand le lire ? Quand nos bases féministes sont stables et qu'on souhaite aller plus loin dans la réflexion.
Celui qui nous libère
De quoi ça parle ? Dans "Libérées ! : Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale" de Titiou LeCoq, on questionne la féminisation de la sphère privée tandis que l'espace public, lui, reste masculin. Un essai qui questionne les inégalités hommes/femmes, mais aussi la charge mentale qui pèse sur les femmes, et qui propose de faire la révolution dans les tâches quotidiennes.
Quand le lire ? Quand on en à ras-le-bol. Dans son essai, Titiou LeCoq mêle son vécu à des théories et des études, nous invitant à nous libérer des carcans que l'on a trop bien intégrés.
Celui qui dé-tabouise les règles
De quoi ça parle ? Dans "Ceci est mon sang : Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font", Elise Thiébaut s'attelle à déconstruire le tabou des règles. Dans cet essai qui mêle documentation, histoire personnelle et notes d'humour, l'autrice entend démonter les clichés et désamorcer la honte que plus d'une nourrit face à ce phénomène pourtant totalement naturel. Un encouragement à faire la révolution menstruelle.
Quand le lire ? Quand on en a marre de chercher des surnoms improbables pour simplement dire qu'on a nos règles.
