
Invité pour un discours à l'occasion du cinquième anniversaire de My Brother's Keeper Alliance (un mouvement de soutien à l'intention des jeunes noirs américains qui aide l'intégration dans la vie professionnelle et lutte contre le racisme), Barack Obama a fait sensation. Il faut dire qu'en se présentant comme "le mari de Michelle" et en abordant la masculinité, l'ex-président des Etats-Unis ne pouvait pas viser plus juste.
"Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis le mari de Michelle, Barack". C'est en ces termes que l'ex-président des Etats-Unis s'est présenté lors d'une conférence donnée à Oakland en Californie, dans le cadre de My Brother's Keeper, mouvement qu'il a fondé durant son mandat. L'occasion pour Barack Obama d'apporter sa pierre à l'édifice de la lutte contre la masculinité toxique, un sujet particulièrement brûlant ces derniers temps.
Conscientiser pour mieux déconstruire
Accompagné de Stephen Curry, célèbre basketteur et meneur de l'équipe de NBA des Warriors, l'ex-président américain s'est ainsi attelé à participer à la déconstruction de la masculinité. Il a ainsi appelé à conscientiser les comportements et travers - ô combien réducteurs - qui incombent aux hommes. Cet ensemble de stéréotypes traditionnels dépeignant les hommes comme socialement dominants. "Nous devons tous reconnaître qu'être un homme est avant tout être un bon humain. Cela veut dire être responsable, travailler dur, être gentil, respectueux, compatissant", a-t-il déclaré, "La notion selon laquelle se sentir homme dépend de si on est capable d'humilier quelqu'un... de dominer... ce n'est plus d'actualité. Si vous avez confiance en votre force, vous n'avez pas besoin de me le montrer en humiliant quelqu'un d'autre. Montrez-le moi plutôt en tirant cette personne vers le haut".
Une parole particulièrement bienvenue après que des masculinistes américains aient attaqué une publicité Gillette qui tentait d'ouvrir les consciences et de déconstruire la masculinité toxique.
Barack Obama ne manque pas également de pointer du doigt le fait de réprimer ses émotions lorsqu'on est un homme. Un comportement qui n'a plus lieu d'être aujourd'hui et contre lequel il propose des espaces "dans lesquels les jeunes noirs, et les jeunes hommes en général, ne sentiraient pas qu'ils devraient agir d'une certaine façon pour être respectés". Des lieux où il serait possible de "parler ouvertement de leurs sentiments".
Un projet qu'il envisage comme une nécessité.
Si cette masculinité toxique pèse sur les hommes et empêche les femmes d'évoluer - en opposant une résistance virulente au combat féministe - Barack Obama a également fait le lien avec le racisme. "Historiquement dans la société, le racisme nous envoie un message selon lequel nous sommes 'moins que'. Et nous estimons que nous devons compenser cela en reprenant des stéréotypes sur la façon dont les hommes sont supposés agir. Et c'est un piège".
Un discours éminemment positif, d'autant plus lorsqu'il est énoncé par une figure aussi influente que celle de Barack Obama, dont le rayonnement est particulièrement étendu. Une figure de proue importante pour voir les choses changer.
Sa démarche n'est d'ailleurs pas sans nous rappeler celle de George Clooney, il y a quelques mois. Celui-ci s'était également présenté comme "le mari d'Amal Clooney" lors des Variety's Power of Women. Il s'engageait alors pour l'empowerment des femmes en contestant l'appellation "épouse de", encore très utilisée pour les femmes - peu importe leur notoriété - et qui les enferme en donnant l'impression qu'elles sont la propriété de leurs conjoints.