
Ministre de la culture et de la communication jusqu'à hier, Aurélie Filippetti a décidé de donner sa démission au président de la République et de ne pas faire partie du nouvel exécutif. Un choix qui confirme un peu plus la scission au sein même du gouvernement et qui nous la fait voir sous un autre jour. Une femme de gauche s'affirme...
"Cher François, Mon cher Manuel", ainsi commence la lettre ouverte d'Aurélie Filippetti, publiée lundi matin par Le Monde. La ministre de la culture et de la communication a choisi de rendre ainsi public les motifs de sa démission. Avec Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, elle est l'autre visage de cette fronde qui monte au sein même du gouvernement.
"On ne peut pas accepter d'avaler des couleuvres"
Or, si on s'était habitué aux prises de position un brin extravagantes de l'ancien ministre de l'économie, la rébellion d'Aurélie Filippetti surprend. Jusque-là, on avait vu la ministre confrontée au marasme du régime des intermittents, plutôt bonne élève (et ce même côté look), serrant les dents dans les épreuves. Mais il faut bien l'avouer, elle ne faisait guère de vagues.
Aujourd'hui, Aurélie Filippetti semble prête à endosser un autre rôle, celle de femme de gauche qui s'assume et qui le fait savoir. Au micro de BFM TV ce matin, face à (l'amoureux) Jean-Jacques Bourdin, elle a réaffirmé sa position. "On ne peut pas accepter d'avaler des couleuvres et de continuer comme ça."
Une femme de gauche qui s'assume
Loin des petites polémiques, l'élue de gauche veut avant tout se montrer loyale envers ses électeurs et digne de sa fonction. "Il y a des moments dans une vie politique où on doit faire des choix. On n'est pas ministre à vie." Opposée à la ligne libérale du gouvernement, l'élue de Moselle a rappelé dans sa lettre ouverte leur responsabilité à tous.
"Il y a un devoir de solidarité, mais il y a aussi un devoir de responsabilité vis-à-vis de ceux qui ont fait ce que nous sommes. Je choisis pour ma part la loyauté à mes idées." Avec Cécile Duflot, l'autre frondeuse du gouvernement, elle rejoint ceux qui osent dire non.
Voilà là un cap important dans la carrière politique de cette petite fille d'immigrés italiens qui a grandi auprès d'un père, ancien mineur devenu maire communiste, et d'une mère intendante dans un collège. Issue d'une région sinistrée, Aurélie Filippetti n'a pas laissé les ors de la République la couper de ses électeurs. Reste à savoir si, comme elle y aspire, elle saura se faire la "porte-parole des sans-voix". Un autre challenge.