A force de courir après la taille zéro, les podiums fleurtent dangereusement avec l'anorexie. Et ce sont les jeunes tops, encore adolescentes, qui en sont souvent victimes. Georgina Wilkin, une Anglaise de 23 ans, explique son parcours chaotique dans la mode et comment elle a basculé dans l'anorexie.
Alors que les Fashion Weeks battent leur plein et que celle de Paris ouvre ses portes aujourd'hui, la question de la taille des mannequins fait toujours débat. Malgré la prise de position de certaines tops, à l'image de Crystal Renn, pour une mode plus réaliste et la fin de la taille zéro comme mètre-étalon des couturiers, les directeurs de casting et les agents restent encore trop souvent sourds à ces requêtes. Et c'est malheureusement les jeunes mannequins qui en font les frais.
Ainsi, le Telegraph a récemment publié le témoignage de l'une d'entre elles. Georgina Wilkin a aujourd'hui 23 ans, et cela fait déjà 8 années qu'elle combat sa maladie. Celle qui voyait la mode comme un univers uniquement glamour, du haut de ses 15 ans, a hélas rapidement déchanté. A ses débuts, elle fait un 38. "On m'a demandé de perdre un peu de hanches, pour obtenir plus de contrats. C'était normal dans le monde de la mode, alors je n'y ai pas beaucoup réfléchi".
Voilà sa première erreur. Ajoutez à cela l'immersion d'une jeune fille sans encore trop de repères, dans un monde étranger (au sens premier du terme, car elle décroche son premier contrat au Japon). Un an à peine après le début de sa carrière, Georgina Wilkin est hospitalisée. Le diagnostic tombe : anorexie.
"Mon agent m'a encouragée à perdre du poids de façon malsaine", explique-t-elle. Résultat, la jeune fille s'affame, "oublie" de prendre ses repas, et fond à vue d'oeil, jusqu'à ne plus supporter d'ingurgiter des aliments. La jeune femme se souvient aussi de son sentiment de solitude lors de ses castings. Une fois, presque nue aux côtés de 12 autres filles, elle se tient devant un groupe d'hommes, qui les passent chacune à tour de rôle en revue, concluant l'examen d'un bref "oui" ou "non". Celles qui ne sont pas jugées assez minces sont priées de prendre la porte. Elle en fait partie.
Aujourd'hui retirée du mannequinat, Georgina Wilkin se dit heureuse de ne plus être jugée sur son apparence. "L'important, c'est que je n'ai plus à être mince pour faire mon travail, et je suis heureuse, quelle que soit ma taille". Son objectif, alerter les jeunes filles qui veulent se lancer dans la mode, mais aussi les agents et les directeurs d'agence.
"Je voudrais encourager les agents et les directeurs de casting à parler aux jeunes filles de ce que c'est que de manger de façon équilibrée. Si on demande aux jeunes filles de perdre du poids - et soyons francs, c'est toujours le cas, malgré le débat autour de la taille zéro - les directeurs de casting doivent les aider à le faire correctement. Elles ne doivent pas en arriver à s'affamer ou tomber malade pour correspondre à la vision idéale d'un couturier."
C.B.
