
Quelques semaines après la sortie de son clip "Regarde Nous", Amel Bent est de retour dans les bacs avec son nouvel album "Instinct". Puretrend a rencontré la chanteuse à l'occasion de la sortie de ce 5eme opus, l'occasion de faire le point.
Est-ce que tu as hâte que tes fans découvrent ton album ?
J'ai hâte pour des raisons différentes de d'habitude parce que l'album existe déjà, il vit sur scène. J'ai une pression différente puisque je suis en scène depuis 4 mois, les gens ont déjà entendu les chansons, soit en live, soit sur youtube. Ce dont j'ai peur c'est que sur l'album, ils ne retrouvent pas les sensation de la scène.
Est-ce qu'il ya déjà une chanson qui marche plus auprès des fans ?
"Regarde-nous", c'est pour ça que je l'ai choisi comme nouveau single. Même sur scène, il y a une certaine ferveur avec la danse, les musiciens qui jouent, il y a une autre dimension. La scène a servi de baromètre.
Et toi, ton titre préféré sur l'album ?
"Les temps qui courent". J'ai pleuré en studio, d'ailleurs on entend un sanglot dans l'enregistrement, et sur scène je pleurs une fois sur deux.
Quel était ton état d'esprit pour ce cinquième opus ?
J'avais hâte. J'ai maquetté pendant deux ans, j'ai été à Los Angeles travailler avec des gens que je ne connaissais pas. Ça s'est fait en plusieurs temps. J'ai arrêté la création de l'album pendant un mois ou deux, après il y a eu "Danse avec les stars" donc j'ai tout simplement arrêté de travailler dessus. Je l'ai fait en vraiment longtemps, quand je suis arrivée pour enregistrer les voix définitives, je me suis remise dans le bain. Au niveau artistique je passe du dubstep à une ambiance hip hop égo trip, ensuite une chanson à voix, c'est le grand écart.
Sur ton album, les fans vont pouvoir découvrir un featuring avec Ne-Yo, un premier pas vers l'international ?
Pas du tout. Je suis française, j'aime mon public français et francophone. Je trouve qu'en anglais on perd de l'émotion. La langue française est la plus belle à chanter, la plus dure aussi dans ce que je fais parce que c'est facile en anglais de faire des vibes (rire). Je ne pourrais jamais avoir des émotions pareilles en anglais comme sur "Les temps qui courent".
En plus de chanter, maintenant tu fais vraiment le show et tu danses. Est ce que tu essaies de devenir une sorte de diva à la Beyoncé ?
Je ne sais pas pourquoi les gens sont partis dans un délire de fan de Beyoncé. Pas du tout, déjà je suis fan de Mariah Carey. J'imagine que Beyoncé c'est la référence ultime de la chanteuse qui danse et qui fait le show. Les gens aiment bien faire des comparaisons du coup ils disent que j'ai fait quelque chose à la Beyoncé mais pas du tout. Il faudrait être prétentieux pour dire ça. Beyoncé c'est Michael au féminin. Je trouve qu'elle est super, elle ne peut être qu'un modèle parmi d'autres pour des artistes comme moi. C'est plus une belle référence, tu te dis "cette nana elle l'a fait, tu peux le faire". On peut tous le faire, il faut travailler. (rires)
Dans le clip "Regarde-nous", tu changes beaucoup de tenues comme les chanteuses US en ont l'habitude. Est-ce que tu te considères comme une victime de la mode ?
Je ne dirais pas que je ne prête pas d'importance à la mode, mais je ne suis pas une fashion victim. Je m'habille selon mon humeur, je n'essaie pas de suivre une mode. Après il m'arrive d'aimer la collection d'un créateur et il s'avère que ça cartonne à ce moment là donc tout le monde sera habillé pareil, mais ce n'est pas systématique. Je vais piocher dans ce qui se fait mais je le fais à ma sauce. Mon style c'est de ne pas avoir de style. Là j'ai un robe avec un trou je m'en fiche je suis bien dedans (rires).
Est-ce que tu penses qu'en France les artistes ont la même pression de "role model" qu'à l'étranger ?
Je sens que par rapport à mon histoire, les gens m'ont connu à 18 ans, il m'ont connu très complexée donc certains peuvent être choqués dès que je vais aller dans un style femme sexy. J'ai des remarques un peu piquantes mais il faut savoir se faire plaisir. Il y a eu "l'accident" de la robe des NMA, mes sous-vêtements étaient plus foncés que ma peau. On avait pris des photos avant, on ne les voyait pas et sur le tapis rouge PAF. Ce n'est pas de ma faute, c'est la vie. J'aimais tellement cette robe, je me sentais trop bien ! C'est l'histoire de ma vie ça, ça ne pourra jamais être 100% parfait. Les gens trouvent toujours à redire de toutes façons.
C'est comme l'affaire de la couverture topless...
Les gens sont fous, je ne suis pas topless ! J'ai une brassière en dessous. J'aurai dû faire la même version mais sans mettre les bras sur ma poitrine pour qu'on la voit. Il faut savoir prendre un peu de hauteur par rapport aux critiques sinon tu ne fais rien. Il faut donner de l'importance à ce qui en a.
Les gens ont également beaucoup parlé de ta collaboration avec Weight Watchers. Qu'est-ce qui a motivé ta décision ?
Au départ, je ne voulais pas les rencontrer parce que je me disais "ils n'ont pas compris, ils n'ont pas écouté ma chanson". Et lorsque je les ai rencontré au bout de 8 rendez-vous, j'ai découvert que ce n'était pas un régime mais un programme alimentaire. C'est de la nutrition et je me suis dit que quand j'avais 14 ans et que tout le monde me traitait de grosse et que je ne savais pas quoi manger, j'aurai bien aimé avoir les bonnes armes. Si ma chanteuse préférée avait été égérie Weight Watchers, peut-être que j'aurais mieux vécu mon adolescence. Si je peux aider des gamines qui sont comme j'étais il y a 10-15 ans, pourquoi pas.
Tu as toujours était très proche de tes fans, comment tu expliques cette relation ?
J'aime mon public parce qu'il est beau, il est de tous les âges, de toutes les couleurs, de tous les vécus. Ils sont à l'image de ce que j'essaie de mettre dans mes chansons. Quand on me demande de parler de mes fans le mot qui me vient c'est "merci".
Ton public te suit depuis tes débuts et reste fidèle malgré la concurrence, d'ailleurs est-ce que tu penses que tu as de la concurrence ?
Je ne le vis pas comme ça, peut-être que je suis naïve. Je ne crache pas sur les collègues, qui ne sont pas forcément toutes des copines d'ailleurs. Jenifer est une amie, Chimène également, Lââm aussi, Tal c'est ma petite soeur, Shy'm aussi j'adore discuter avec elle. Avec les Enfoirés, on passe beaucoup de temps ensemble, on se découvre. Comme Zaz par exemple. C'est ma soeur, on s'appelle, elle vient à la maison pourtant on n'a pas grand chose à voir. Il n'y a pas de concurrence.
Et sinon, est-ce que tu serais prête à ajouter une corde à ton arc et à faire de la comédie comme dans S.O.D.A ?
De temps en temps on m'invite, il m'arrive de dire non, là j'ai dit oui. Kev Adam c'est mon petit frère je ne peux rien lui refuser. Si on me proposait un rôle récurrent je dirai non. Après si demain je reçois un pur scénario, que le réalisateur me dit "je sais que tu n'es pas comédienne mais c'est toi que je veux, on va travailler, je vais te guider", bien sûr que je le ferais. Du moment que les gens ne me prennent pas pour une comédienne, qu'ils savent que je viens apprendre.
Tu as dit dans une interview qu'un artiste devait tout se permettre dans ses choix artistiques. Jusqu'où on peut aller selon toi ?
Il ne vaut pas avoir peur de créer, explorer les univers que tu as envie d'explorer. Je me mettais des barrières avant pour ne pas que les gens soient déroutés mais là sur ce nouvel album je me suis dit que je devais me permettre d'aller là où il faut que j'aille. Il faut se permettre, se donner la liberté de le faire.
Est-ce qu'il y a un artiste qui te tient à coeur ?
J'aime Charles Aznavour. C'est mon idole, tout le monde lui crachait dessus jusqu'à l'âge de 38 ans. Quand il quittait la scène on disait "un nain vient de quitter la scène". Et finalement il est devenu Charles Aznavour, c'est un beau destin et un beau modèle de persévérance. Il ne s'est pas laissé abattre. C'est un modèle de vie.
Question bonus : dernière chanson écoutée aujourd'hui ?
Mince (rire), c'est Beyoncé, "Heaven". J'avoue, c'est le dernier album que j'ai acheté. Mais j'ai aussi "Roar" de Katy Perry, "Where is my mind" des Pixies...
Propos recueillis par Marie Bresson-Mignot.